Cardinal Burk et sa franchise.

Le franc-parler du cardinal Burke

18 octobre 2014 /

 

Tout en n’ayant toutefois pas encore été officiellement notifié que le pape François a décidé de se priver de ses services en lui retirant sa fonction à la tête du Tribunal suprême de la Signature apostolique, le cardinal Raymond Burke a laissé entendre que ses jours comme patron de dicastère étaient désormais comptés. C’est ce qu’infère le site américain plutôt libéral BuzzFeed News (selon Notions Romaines), de l’entretien que le cardinal lui a accordé par téléphone hier depuis Rome : « J’ai beaucoup apprécié et j’ai été heureux de pouvoir offrir ce service, et c’est donc une déception que d’avoir à l’abandonner », a confié le cardinal en parlant au passé… « D’un autre côté, quand on est prêtre dans l’Église on doit être prêt à accepter l’affectation qu’on nous donne, quelle qu’elle soit. Et donc j’ai confiance qu’en acceptant cette affection, j’ai confiance que Dieu me bénira, et c’est, au bout du compte, ce qui est le plus important ».

 

Dans ce même entretien, le cardinal Burke, avec sa douceur habituel mais son franc-parler, évoque les réserves que le déroulement du synode extraordinaire sur la famille et la gestion de cet événement ecclésial par le pape François, lui ont inspirées. BuzzFeed News l’a interrogé sur – je cherche mes mots pour traduire la phrase de BuzzFeed News –, la manœuvre du Souverain Pontife qui, écrit BuzzFeed News « a sélectionné à l’avance certains cardinaux pour orienter la réunion pour faire passer ses opinions personnelles sur les questions du divorce et du traitement des gens LGBT », le cardinal répond au conditionnel : « Selon ce que je comprends de l’enseignement et de la doctrine de l’Église, non, ce ne serait pas convenable ». Le cardinal estime que le pape « a fait beaucoup de mal » en ne déclarant pas « ouvertement quelle était sa position » et en donnant l’impression de soutenir les passages les plus discutables de la Relatio. « Le pape, plus que n’importe qui, comme pasteur de l’Église universelle, est tenu à servir la vérité. Le pape n’est pas libre de changer les enseignements de l’Église sur l’immoralité des actes homosexuels, sur l’indissolubilité du mariage ou sur toute autre doctrine de foi (…) L’Église n’exclut personne qui est de bonne foi même si cette personne souffre d’une attirance homosexuelle ou même y succombe. Si les gens n’acceptent pas l’enseignement de l’Église sur ces questions, alors elles ne pensent pas avec l’Église et elles ont besoin ou de s’examiner là-dessus et de corriger leur pensée ou de quitter l’Église si elles ne peuvent absolument pas l’accepter. Elles ne sont évidemment pas libres de changer l’enseignement de l’Église pour l’adapter à leurs propres idées ».

 

Le point de vue et les remarques du cardinal ont le mérite de la franchise. On attend, sur toutes ces questions, la même franchise de tous nos pasteurs.

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon