Darras tome 17 p. 459
12. « Cependant le roi très-chrétien Charlemagne avait mis siège devant Pavie. La reine Hildegarde et ses très-nobles fils vinrent de France le rejoindre au camp. A la nouvelle qu'Adalgise s'était enfermé dans Vérone, le roi partit avec une troupe d'élite pour l'assiéger. Le prince lombard quitta précipitamment la ville; la veuve de Carloman, ses deux fils et le duc Autchaire vinrent se remettre à la discrétion du roi. Charlemagne les accueillit avec bonté, prit possession de Vérone, et retourna avec eux sous les murs de Pavie. Le siège durait depuis sis mois et menaçait de se prolonger encore, parce que les Francs manquaient de machines pour battre les murailles. Or, on entrait dans la semaine-sainte (774). Charlemagne résolut d'aller célébrer la fête de Pâques à Rome. Il se mit en route, accompagné d'un certain nombre d'évêques, abbés, juges (judices), ducs et graphiones (comtes). Une troupe de cavaliers l'escortait; il traversa ainsi la province de Toscane, précipitant tellement sa marche que le samedi-saint il était aux portes de la basilique vaticane. La surprise, la joie du très-bienheureux pape Adrien, à la nouvelle de la prochaine arrivée du héros franc, ne peuvent se décrire. Il envoya à sa rencontre toute l'armée romaine avec ses bannières à plus de trente milles, au lieu dit Novœ (Novi). A un mille de Rome, toutes les écoles dirigées par leurs maîtres, les enfants tenant à la main des palmes ou des rameaux d'olivier, et chantant des hymnes d'allégresse, abordèrent le roi et firent retentir l'air d'acclamations triomphales. Ce pieux et touchant cortège était suivi des croix processionnelles, de tout le clergé et des fidèles des diverses paroisses de Rome, ainsi qu'il se pratiquait aux réceptions officielles des patrices. A l'aspect des croix, Charlemagne descendit de cheval avec toute son escorte, et fit à pied le reste du chemin. Le pontife, entouré de son sénat sacerdotal, attendait le roi au haut du portique de Saint-Pierre. Charlemagne voulut monter à genoux les degrés de la basilique, en les baisant l'un après l'autre. Ce fut ainsi qu'il parvint près du très-bienheu-
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reux pape, et, se saluant, ils s'embrassèrent. Le très-chrétien roi Charles, tenant la main droite du pontife, entra dans le temple vénérable du bienheureux Pierre prince des apôtres, et cependant, le clergé, les religieux, la foule entière chantaient ces paroles prophétiques : Benediclus qui venit in nomine Domini! Avec leur roi les évêques, abbés, juges, ducs et comtes francs, vinrent se prosterner devant l'autel de la confession de Saint-Pierre, louant Dieu et proclamant à haute voix qu'ils devaient uniquement à l'intercession du prince des apôtres leur victoire sur les Lombards. Le très-saint pape et le très-excellent roi se jurèrent mutuellement alliance et fidélité sur le corps du prince des apôtres ; ils firent ensuite leur entrée solennelle à Rome et se rendirent à la basilique du Sauveur au Latran, où ils passèrent ensemble toute la journée du samedi-saint. Ils se séparèrent au commencement de la nuit, le pape pour présider la cérémonie solennelle du baptême usitée dans cette vigile sainte, le roi pour retourner dans les appartements de la basilique vaticane. »
13. « Le lendemain, dimanche de Pâques, dès l'aube du jour, le très-saint pontife, accompagné des magistrats et de la milice romaine se rendit près du roi, qui fut conduit processionnellement avec tous les Francs de son escorte à la basilique de Sainte-Marie-ad-Prœsepe. Après la messe pontificale, le pape et le roi se rendirent au Latran, où ils mangèrent ensemble à la table apostolique. Le jour suivant, deuxième férié (lundi), le pape célébra pontificalement en présence du roi à la basilique de Saint-Pierre, et le surlendemain, troisième férié (mardi), à Saint-Paul-hors-les-Murs. Le mercredi, quatrième férié, le pontife, suivi des juges, du clergé et de la milice romaine, se rendit à la basilique vaticane pour y conférer avec le roi. Il l'entretint avec une paternelle affection et lui rappela la promesse de donation que jadis, à Carisiacum (Quierzy-sur-Oise), son père le roi Pépin de sainte mémoire avait signée conjointement avec lui-même le très-excellent Charles et son frère Carloman, ainsi que tous les leudes et juges francs, en faveur du bienheureux Pierre et de son vicaire de sainte mémoire Etienne III 1, durant le
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1. Cf. pag, 273 de ce présent volume.
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séjour de ce pontife en France. Cet acte énumérait les diverses cités et provinces d'Italie dont le roi Pépin faisait à perpétuité concession au siège apostolique. Charlemagne prit entre ses mains l'acte de Carisiacum, et en fit donner lecture à haute voix. Il en approuva, lui et les Francs qui l'accompagnaient, toutes et chacune des clauses. Puis, de sa libre et généreuse volonté, le roi très-chrétien fit dresser par son chapelain et notaire le religieux et prudent Etherius 1, une nouvelle promesse de donation dans la forme de la première. Par cet acte, Charlemagne renouvelait au bienheureux Pierre et au pontife Adrien la concession des mêmes villes et territoires désignés dans le diplôme de Gari-siacum, savoir la cité maritime de Luna (Lunegiano), avec l'île de Corse, les domaines de Sora, du mont Bardo, de Vercetum, de Parme, de Reggio, de Mantoue et du Monte-Silice ; tout l'exarchat de Ravenne tel qu'il se composait anciennement, les provinces de Venise, l'Istrie, le duché de Spolète et celui de Bénévent. Le très-chrétien roi des Francs confirma cet acte en y apposant de sa main sa signature 2, et en le faisant souscrire par tous les évêques, abbés, ducs et graphiones (comtes) de sa suite. La charte, signée de la sorte sur le maître-autel du bienheureux Pierre, fut ensuite déposée dans l'intérieur de la confession, sur le tombeau du prince des apôtres. Là, Charlemagne et tous les Francs s'engagèrent par serment, vis-à-vis du bienheureux Pierre et de son vicaire le pontife Adrien, à en observer toute la teneur. Une copie authentique du diplôme, également rédigée par Etherius, fut déposée par les
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1. Etherius nous paraît être le nom latinisé du chancelier où référendaire Ithier, dout nous avons raconte l'ambassade à Rome sous le pontificat d'Etienne IV. Cf. pag. 431 de ce volume.
2. Propria sua manu ipse christianissimus Francorum rex eam corroborons. (Lib. Pontifical.; Pair, lat., tom. CXXVlll, col. 1182, lin. 27.) « C'est-à-dire, ajoute Floury, qu'il y mit une crois ou un monogramme; car, quoique savant d'ailleurs, Charlemagne ne savait pas écrire. » C'est là une vieille calomnie, contre laquelle protestent non-seulement les ouvrages en vers et en prose composés par Charlemagne, mais ses signatures très-élégantes au bas de diplômes que nous avons encore. Si Fleury avait eu l'idée de consulter sur ce point la science paléographique de Mabillon, il se fût épargné ce malheureux commentaire.
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mains du très-chrétien roi dans l'évangéliaire qu'on fait baiser aux pèlerins sur la confession même, afin d'y rester à jamais comme une garantie solennelle et un monument à la gloire du grand roi et de la nation des francs. De plus, Charlemagne en fit exécuter par le scriniaire (archivisle) de notre sainte église d'autres exemplaires qu'il emporta dans son royaume. »
14. « Le roi très-chrétien et son escorte retournèrent à Pavie, toujours assiégée par l’armée des Francs. Les assauts et les com-bats furent poussés de part et d autre avec une égale ardeur. Enfin la colère de Dieu éclata sur les Lombards renfermés clans l'intérieur de la ville; un grand nombre succombèrent soit aux fatigues, soit aux privations: la peste se déclara ensuite, menaçant de tout emporter. Pavie dut se rendre à discrétion, avec son roi Didier et tous les habitants. Charlemagne mit fin à la monarchie lombarde, dont il réunit tous les états à sa couronne. Didier, sa femme et ses enfants furent emmenés en France (774). »
15. Après ces intéressants récils, le Liber Pontiftcalis énumère dans le plus grand détail les travaux de restauration exécutés par le pontife Adrien dans les diverses églises de Rome. Cette description n'occupe pas moins de neuf pages in-4°, que nous ne traduirons point ici. La donation de Charlemagne, comme jadis celle de Constantin le Grand, n'enrichissait le vicaire de Jésus-Christ que pour enrichir en sa personne les pauvres, et les églises qui sont les palais des pauvres. On estime à mille trois cent quatre-vingt livres pesant d'or et mille sept cent soixante-treize d'argent 1, soit une somme qui ne représenterait guère moins, en notre monnaie actuelle de quatre millions 2, la vadeur des métaux précieux que, d'après le Liber Pontificalis Adrien consacra en nature aux vases sacrés et à l'ornementation des basiliques. Dans cette évaluation ne sont point comprises les dépendes de main d'oeuvre, de constructions nouvelles, de réparations aux édifices anciens, ni la fondation d'églises comme celle de Saint-Apollinaire aujourd'hui
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1 II s'agir ici de la livre romaine de douze onces.
2. Nous prenons pour base ne ce calcul le prix moyen du kilogramme d'or à 3,440, et celui d'argent à 222 francs.
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possédée par le Séminaire romain, ou de restaurations de monastères comme ceux de Sainte-Barbe, de Saint-André jadis fondé par le pape Honorius, de Saint-Adrien et de Saint-Laurent depuis longtemps déserts. Chacune de ces institutions représentait un centre de charité d'où les secours se répandaient sur toutes les misères, et nourrissaient dans chaque quartier de la ville l'universalité des pauvres. « Le très-bienheureux pape, dit le Liber Pontificalis, par une constitution apostolique, ordonna sous peine d'anathème que tous les produits de la riche domus-culta de Caprée, située à quinze milles de Rome près de Vigevano, avec ses prés, bois, vignes, terres arables, fermes, moulins, fussent entièrement et à perpétuité consacrés à la subsistance de nos frères les pauvres du Christ. Le froment, l'orge, l'huile, le vin, le bois, les légumes et fruits de tout genre, en devaient être fidèlement remis pour cet usage dans les greniers et celliers de notre sainte église. Les troupeaux de porcs qui s'y nourrissaient de la glandée, les bœufs et le reste du bétail avaient la même destination. La viande fraîche servait à la consommation quotidienne des pauvres, celle de porc était salée et réservée pour les distributions d'hiver. Sa trois-fois auguste béatitude décréta que chaque jour cent de nos frères pauvres au moins, et plus s'il s'en présentait davantage, prendraient place autour des tables dressées sous le portique du grand escalier du palais patriarcal de Latran, et recevraient chacun, des mains du très-fidèle paracellurius (cellérier), deux livres de pain, une coupe de vin contenant deux verres, cuppam capientem duos calices, une portion de viande et de légumes cuits dans d'immenses chaudières, caldaria, disposées à cet effet. Tout le collège sacerdotal applaudit à cette mesure du très-bienheureux pontife et jura de l'observer à perpétuité. Trois autres domus-cultœ, celle de Galeria à dix milles de Rome près Sainte-Rufine, celles d'Asprula et de Culvisianum, reçurent la même destination 1. » Tous les aqueducs de la ville furent reconstruits ou réparés : celui qui fournit encore aujourd'hui aux Romains l’acqua vergine jeta,
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1 Lib. Pontifical., tom. cit., col. 1184.
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lors de son inauguration, un flot si abondant «qu'on put croire, dit le Liber Pontificalis, que toute la ville en serait inondée. » Le pape-roi ne perdait pas de vue les intérêts des provinces voisines, si longtemps et si cruellement dévastées par les Lombards. « Il convoqua, dit le Liber Pontificalis, tous les habitants de la Toscane, de la Campanie et des frontières romaines, pour concerter avec eux le rétablissement des remparts et des édifices publics ruinés durant les guerres précédentes. Il fournit du trésor apostolique toutes les sommes dont il pouvait disposer, et fit appel pour le reste à la générosité de chaque citoyen. Lui-même donnant l'exemple restaura de ses deniers les remparts de Rome, réédifia les tours écroulées et releva toutes les ruines1. »
16. « Après la mort de l'empereur Copronyme (775), bientôt suivie de celle de Léon IV son fils et successeur (780), le tres-bienheureux pape Adrien fit partir pour Constantinople le prêtre romain Pierre et le vénérable abbé du monastère de Saint-Sabas dit Cella-Nova, avec des lettres apostoliques adressées à Constantin VI et à sa mère l'impératrice Irène. Le pontife établissait par les témoignages de l'Écriture et par ceux de la tradition la légitimité du culte des images, tel que l'a toujours pratiqué la sainte, catholique et apostolique église de Rome. Le jeune empereur et sa mère n'hésitèrent point à embrasser la doctrine orthodoxe. Un concile œcuménique, composé de trois cent cinquante évêques, se réunit à Nicée et condamna l'erreur iconoclaste. Par une sentence solennelle, il déclara, conformément aux instructions du pape, que tous les fidèles catholiques sont tenus à vénérer les images des saints. Les actes de ce synode furent envoyés, avec une lettre impériale , au très-bienheureux pontife qui les fit immédiatement traduirs du grec en latin et les déposa dans les archives du siégs apostolique, comme un monument de foi orthodoxe (787). )
17. « La vingtième année du pontificat d'Adrien, au mois de décembre de l'indiction XVe (792), le Tibre déborda, et une immense inondation couvrit toute la campagne romaine. La porte Flaminia,
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1 lbid., col. H9S.
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p465 CHA. VI. — LE 1101 CIlllÉTIEN CUARLEHAGNE.
renversée par les eaux furieuses, livra passage à un torrent qui s'étendit jusqu'à l'arc dit très Faccicelœ, dépassant en certains endroits la hauteur des remparts. Le portique Palatina, au delà de la basilique de Saint-Marc, fut renversé, ainsi que le pont Antonin. Les rues étaient inondées; dans la via Lata, l'eau atteignit deux fois la hauteur d'un homme. Au dehors, les maisons furent emportées, toute la terre végétale disparut, les arbres séculaires étaient déracinés. Quand revint le printemps, il fut absolument impossible d'ensemencer les terres, et l'on put craindre une famine irrémédiable. Le très-bienheureux pape Adrien pourvut à tout; avec la grâce de Dieu, il conjura tous les désastres. Aussitôt que le fléau de l'inondation s'était déchaîné sur la ville de Rome, prosterné la face contre terre, il avait imploré la miséricorde du Seigneur; puis montant lui-même sur des barques réunies en grand nombre par son ordre, il parcourut les rues inondées, portant aux malheureux réfugiés dans les étages supérieurs des vivres, des vêtements, des provisions de toute sorte. Quand l'inondation eut disparu, il voulut visiter encore les quartiers qu'elle avait ravagés pour y distribuer de nouveaux secours. Enfin, il prit des mesures pour que les arrivages de blé venus de l'extérieur pussent suppléer au manque de récolte. C'est ainsi que le très-bienheureux pape se montra jusqu'à la fin le père des pauvres. Il termina sa vie mortelle au milieu de ces œuvres saintes et fut appelé à l'éternel repos. En deux ordinations au mois de mars, il avait consacré vingt prêtres, sept diacres et cent quatre-vingt-cinq évêques destinés à diverses églises. Il fut inhumé dans la basilique du bienheureux Pierre apôtre, le vu des calendes de janvier de l'indiction IVe (26 décembre 795). Tout son pontificat s'était écoulé sous le règne de Charlemagne 1. »
§ II. Le roi chrétienne Charlemagne.
18. Ces dernières paroles du Liber Pontificalis sont remarquables. Le pôle du monde politique était changé; l'Italie ne gra- vitait plus dans l'orbite de l'empire d'Orient. Déjà les notices d'Etienne IV et celles de l'antipape Constantin avaient omis la
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1. Lib. Pontifical.; Putr. lai., tom. CXXVI1I, col. 1IÙ3-1198.
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p466 PONTIFICAT UË SAINT ADUIC.N I (772-7!).')).
mention accoutumée des césars de Byzance, laquelle figure pour la dernière fois à l'élection de saint Paul 1 et disparaît ensuite sans retour. Au moment où mourut Adrien, Charlemagne avait depuis vingt ans ajouté la couronne de Lombardie à celle de France; la papauté allait faire revivre pour lui l'empire romain d'Occident : le nom du grand roi, qui prenait solennellement en tête de ses capitulaires 1 le titre de defensor Ecclesiœ, devait désormais figurer
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1 Nous croyons devoir reproduire ici, d'après M. Guizot Histoire de la civilisât. en France, t. 1. p. 130), le tableau des Capitulaires de Charlemagne :
· Législation domestique et rurale C'est le capitulaire de Villis
· ** Législation politique. Partage des états.
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p467 CHAP. VI. — LE ROI CHRÉTIEN CHARLEMAGNE.
seul dans la chronologie adoptée par la chancellerie romaine. Dès l'an 769, avant la mort de son frère Carloman, au retour de l'expédition victorieuse contre Hunald , il promulgua le premier de ses capitulaires fameux, dont le nombre devait s'élever jusqu'à soixante et embrasser toutes les questions de législation religieuse, politique, civile et militaire. On sait que le nom de capitulaires (capitula), commun alors à la langue de l'Église qui en a fait le dérivé «chapitres, » et à celle de l'État qui l'employait pour désigner ses règlements, édits et ordonnances, venait de la division en chapitres des diverses matières renfermées dans une loi. Voici comment s'exprimait en 769 le futur empereur : « Charles, par la grâce de Dieu, roi et recteur du royaume des Francs, défenseur dévoué de la sainte Église, soutien en tout, adjutor in omnibus, du siège apostolique. — A la prière de nos fidèles et surtout par le conseil des évêques et prêtres de nos états, nous défendons absolument à toutes les personnes consacrées à Dieu de porter l'armure de guerre, de suivre nos armées ou de combattre l'ennemi. Seuls les évêques, prêtres et chapelains chargés d'offrir le saint sacrifice, de porter les reliques sacrées et de confesser nos soldats, suivront les expéditions militaires. La main d'un prêtre ne doit jamais verser le sang, pas plus celui d'un païen que celui d'un chrétien. La chasse dans les forêts avec meutes, éperviers ou faucons, est également interdite à tous les serviteurs de Dieu. Le ministère ecclésiastique doit être à l'abri du soupçon; tout prêtre étranger, qui ne serait muni d'aucune lettre de recommandation délivrée par son évêque ou par le synode de sa province, sera exclu des fonctions ecclésiastiques. Ceux qui, au mépris des canons, auraient été promus au sacerdoce après avoir été mariés deux fois, ou après avoir versé le sang soit des chrétiens soit des païens seront déposés, car ils sont pires que des séculiers. Dans chaque diocèse, l'évêque avec le concours du graphio (comte), défenseur né de l'Église, proscrira tous les restes de superstitions païennes. L'idolâtrie attirerait la colère de Dieu sur notre peuple et sur notre règne. Dans chaque paroisse, lors de sa visite annuelle, l'évêque s'assurera que celte prescription est fidèlement observée. Il examinera aussi
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p468 PONTlFICAT DE SAINT AbMEN 1 (772-7U5).
chaque année la conduite et la science de ses prêtres. Lui seul conférera les titres à charge d'âmes dans les diverses paroisses. Évêques et prêtres veilleront, dans l'étendue de leur juridiction, à prévenir ou à réprimer tous les scandales, incestes, concubinages et adultères. Ils se concerteront pour que nul malade ou pénitent ne meure sans avoir reçu l'onction de l'huile sainte, le sacrement de pénitence et le viatique. Nul ne devra manquer au mall ou plaid de la nation, lequel se tiendra deux fois chaque année au printemps et à l'automne. Les autres convocations extraordinaires qui seraient faites par le roi sont également obligatoires. Toutes les fois que le roi demandera des prières publiques soit pour lui, soit pour le royaume, nul ne devra manquer de les accomplir. Aucun juge laïque ne doit sans le consentement de l'évêque entamer de procédures contre un prêtre, diacre ou clerc; c'est à l'évêque qu'il appartient d'incarcérer et de juger les clercs délinquants. Aucun évêque ni laïque n'entreprendra sur la juridiction d'un autre évêque ni d'une autre église, ni d'un simple particulier, ni de l'Etat. Quiconque se rendrait coupable d'un pareil attentat sera excommunié et demeurera sous le lien de l'anathème jusqu'à ce qu'il ait fait pénitence et réparation 1. »