p29
-------- Le Royaume de Dieu n’est certes pas une construction politique qui serait notre œuvre, mais un don de Dieu que nous ne pouvons obtenir par la force. ------ le moteur de l’espérance qui nous conduit vers ce qui est plus grand et à venir - vers la véritable guérison et le véritable rassasiement - est la contemplation du visage de Dieu.
Perspectives : les grandes religions et la foi
---------------
==========================================
p30
----- Les grandes formes de religion qui ne connaissent pas le Dieu personnel, comme par exemple le néoplatonisme et le bouddhisme ou encore les formes essentielles de l’hindouisme, connaissent par contre des dieux auxquels ils peuvent s’adresser dans la prière, lesquels peuvent venir à leur secours ou bien leur nuire. --------- ces « dieux » ne sont pas Dieu. Ce sont des puissances dans l’espace intermédiaire que beaucoup ne peuvent dépasser. -------- La nouveauté de la religion biblique résidait et réside dans le fait que cet être originel, le véritable « Dieu » dont on ne peut faire des images, a néanmoins un visage et un nom, il est un être personnel. Et le salut ne consiste pas dans la disparition dans la sphère où il n’y a plus de nom, mais dans le «rassasiement de sa face » qui sera notre part au moment du réveil. Le chrétien va à la rencontre de ce réveil, de ce rassasiement, lorsqu’il porte son regard sur Celui qui fut transpercé, Jésus-Christ.
============================================
p31
BLESSÉ PAR
LA FLÈCHE
DE CE QUI EST BEAU
La croix et la nouvelle « esthétique »
de la foi
---------- « Tu es beau, le plus beau des enfants des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres ». Il est clair que l’Église lit ce psaume comme une représentation prophétique et poétique du lien sponsal entre le Christ et l’Église. Elle professe le Christ comme le plus beau des enfants des hommes; la grâce répandue sur ses lèvres nous renvoie à la beauté intérieure de sa parole, à la splendeur de son message. On ne loue donc pas la beauté simplement extérieure de l’apparition du Sauveur: en lui se manifeste plutôt la beauté de la vérité, la beauté de Dieu même qui nous ravit, qui nous inflige pour ainsi dire la blessure
=========================================
p32
d’amour, le saint éros, qui nous fait marcher avec et dans
l’épouse-Église vers l’amour qui nous appelle. -------- Les deux paroles viennent du
même Esprit qui inspire toute l’Écriture, qui cependant joue en elle avec des
notes différentes et présente ainsi devant nous l’ensemble de toute la beauté,
de la vérité même.[1] ---------
=========================================
p33
---------- Celui qui croit en Dieu, en ce Dieu qui s’est révélé comme amour « jusqu’à la fin » (Jn 13, 1) précisément sous l’aspect défiguré du Crucifié, sait que la beauté est vérité et que la vérité est beauté, mais il apprend à la vue du Christ souffrant aussi que la beauté de la vérité inclut la blessure, la douleur, et même le mystère obscur de la mort, et qu’elle ne peut être trouvée que dans l’acceptation de la douleur, non sans elle.
-----------
========================================
p34
--------- Avoir été touché par le rayon de la beauté qui blesse l’homme, voilà la véritable intelligence : être touché par la réalité, « par la présence personnelle du Christ », comme il dit. La fascination par la beauté du Christ est une intelligence plus réelle et plus profonde que la déduction purement rationnelle. --------- mépriser et refuser ensuite comme véritable mode d’intelligence le bouleversement engendré par la rencontre du cœur avec la beauté, cela nous appauvrit tant au niveau de la foi que de la théologie. Nous devons retrouver ce mode d’intelligence - c’est une exigence urgente de cette heure.
----
[1] Cf. J. Tscholl, Dio ed il bello in sant’Agostino (Milan 1996), spéc. pp. 11