Voici quel est notre Dieu 13

p208 JÉSUS‑CHRIST

 

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------ «Je te salue, Marie, pleine de grâce / Le Seigneur est avec toi. Tu es bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de tes entrailles est béni. » Et l'ange ajoute : «Sois sans crainte ! » (Le 1, 30). Et que répond Marie ?

 

   «Je suis la servante du Seigneur» (Lc 1, 38). Elle apprend à vaincre sa crainte. ----

 

   Jean‑Paul II a utilisé cette expression dans sa toute première allocution comme pape: « N'ayez pas peur du Christ. » Je dirais que c'est réellement une attitude qui doit animer tous les chrétiens. Nous n'avons pas besoin d'avoir peur de ce Dieu, comme s'il allait nous prendre quelque chose ou nous menacer car c'est précisément de lui que vient cette sécurité qui est victorieuse aussi de la mort. 

 

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p209 La mère de Dieu

 

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Que signifie Marie pour vous, tout à fait personnellement?

 

   Une expression de la proximité de Dieu. À travers elle, l'incarnation devient une réalité tangible. Il est émouvant que le Fils de Dieu ait une mère humaine et que nous soyons tous confiés à cette mère. Lorsque Jésus, sur la croix, confie Jean à sa mère (cf Jn 19, 25‑27), sa parole dépasse de loin l'instant, pour concerner toute l'histoire. Par cette recommandation la prière à Marie ouvre à chaque homme un aspect particulier de la confiance en Dieu, de sa proximité, tout bonnement de la relation à lui. J'ai été personnellement très marqué par le strict christocentrisme du mouvement liturgique qui a été renforcé par le dialogue avec nos amis protestants. Mais, en plus des fêtes mariales liturgiques, les dévotions mariales du mois de mai, le mois du rosaire, les pèlerinages, en un mot toute la dévotion mariale populaire était très importante pour moi. Plus j'avance en âge, plus la mère de Dieu devient importante et proche pour moi.

 

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------ « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique (cf Lc 11, 27‑28----- « Celui qui fait ma volonté m'est un frère et une soeur et une mère. » -----

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p210 JÉSUS‑ UHPJST

 

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----- La mariologie de Jean est tout à fait spécifique. Dans son Évangile relativement tardif, le rôle de la mère de Jésus est déjà beaucoup plus évident que chez Matthieu. Chaque fois que Jésus s'adresse à Marie, Jean utilise le terme “femme ». Nous pouvons y voir une notion théologique: c'est l'image de la nouvelle Eve qui est évoquée chaque fois que Jésus s'adresse à Marie en l'appelant simplement «femme ». De Cana jusque sous la croix, elle joue un rôle qui va au‑delà de sa propre personne. Il est nécessaire de lire les nombreux passages la concernant en rapport les uns avec les autres, comme ici la scène de Cana et celle près de la croix. On s'aperçoit alors que Jésus quitte d'abord sa famille naturelle jusqu'à son heure ‑sur la croix ‑ où commence la nouvelle famille où Marie occupe une place nouvelle et essentielle.

 

  Mais, même à Cana, la dure parole qu'il adresse à sa mère en semblant la rabrouer est riche de sens. Il dit d'abord qu'il est lié à son heure. Il ne peut pas se préoccuper de subvenir aux besoins ordinaires. Mais, ensuite, il accomplit tout de même un miracle et, suite à la demande de sa mère, anticipe ainsi son heure. Marie essuie d'abord un refus et se voit remise à sa place, mais apparaît en même temps comme la femme, simplement, prototype de l'Eglise suppliante, qui tout comme Marie, peut demander l'anticipation de l'heure de Jésus. Il s'agit donc là d'un texte très riche qui mérite d'être beaucoup approfondi.

 

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p211 La mère de Dieu

 

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---- La figure de Marie a touché le coeur des humains d'une manière particulière. Le coeur des femmes, d'un côté, qui se sentent comprises et proches de Marie. Mais aussi le coeur des hommes qui n'ont pas perdu le sens de la mère et de la jeune femme. La mariologie met en évidence les qualités de coeur des chrétiens. On peut faire l'expérience directe d'un christianisme comme d'une religion de la confiance. ------

 

------ Le christianisme ne doit pas devenir pur sentimentalisme qui perd le contact avec la réalité et qui devient alors incapable de reconnaître la grandeur de Dieu. Mais nous faisons l'expérience, depuis le siècle des Lumières ‑ et nous sommes confrontés à une nouvelle philosophie similaire ‑, à une telle tendance à la rationalisation et à la «puritanisation », si je puis m'exprimer ainsi, que le coeur humain s'oppose à une telle évolution et s'attache à la mariologie.

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p212 JÉSUS‑CHRIST

 

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   Il ne faut pas oublier que, dans les missions, ce qui a toujours touché les gens et leur a rendu le Christ accessible, c'est sa Mère. C'est particulièrement le cas en Amérique du Sud où le christianisme s'est d'abord présenté, en partie, sous les auspices fatales des armes du conquérant espagnol. Au Mexique, la mission fut d'abord un échec jusqu'à l'événement de Guadalupe et que, par la mère, le Fils fut accepté.

 

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   Tout à fait, et la religion chrétienne montre non plus le visage cruel du conquérant mais le visage plein de bonté de la Mère.

 

   En Amérique du Sud, ces deux points chauds restent efficaces jusqu'aujourd'hui encore: d'une part l'amour de la Mère de Dieu et, d'autre part, l'identification avec le Christ souffrant. Ces deux aspects de l'expression de la foi ont permis aux gens de comprendre que Dieu n'est pas un Dieu de conquérants mais le vrai Dieu qui est aussi leur Rédempteur. Cela explique la vénération particulière de Marie par les catholiques d'Amérique latine. Nous ne devrions pas leur reprocher, à partir de notre perspective plus rationnelle, qu'ils ont par là falsifié le christianisme. C'est justement là qu'ils l'ont bien compris. Ils ont vu le vrai visage du Dieu qui veut nous sauver et ne se tient pas du côté des destructeurs. --------

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon