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--------- Hans Jonas a expliqué la notion centrale de son éthique, celle de responsabilité26, à partir de cette perspective. Cela
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signifie que, pour comprendre correctement la liberté, nous devons toujours la penser en lien avec celle‑ci. Moyennant quoi, l'histoire de la liberté ne peut être comprise que comme une histoire de la responsabilité grandissante. -------
L'accroissement de la liberté doit être accroissement de la responsabilité. Cela comporte l'acceptation des liens les plus forts qu'appelle la coexistence de l'humanité, et l'acceptation de cette mesure qu'est l'essentiel de l'homme.
Si la responsabilité est réponse à la vérité de l'homme, nous pouvons alors dire que l'histoire de la liberté implique une histoire continue de purification de la vérité. Elle n'est autre chose que la purification de la personne et des institutions par cette vérité.
Le principe responsabilité pose un cadre qui a besoin d'un contenu. C'est dans ce contexte qu'il faut envisager la proposition d'une éthique mondiale, ------
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--------- la raison se doit d'écouter les grandes traditions religieuses, à moins de se vouloir aveugle et sourde à ce qui fait l'essentiel de l'existence humaine. Il n'existe pas de philosophie qui ne vive de cette écoute et de cette acceptation.
Chaque fois que cette relation est brisée, on en arrive à un pur jeu de notions. Déjà le thème de la responsabilité, c'est‑à-dire le problème de l'ancrage de la liberté sur la vérité du bien, sur la vérité de l'homme et du monde, suffit à faire voir cette nécessité de l'écoute.
Car, aussi juste que soit dans son point de départ le principe de responsabilité, la question n'en demeure pas moins de savoir comment reconnaître le bien commun et ce qui est bon non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. ------
Qui décide donc de ce que notre responsabilité interdit? Quand on ne trouve
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plus la vérité dans l'appropriation raisonnable des grandes traditions de la croyance, on la remplace par le consensus. Mais, une fois de plus, de quel accord s'agit‑il?
On dira: de ceux qui sont capables d'argumenter. Et comme on ne peut pas ignorer la suffisance élitiste de cette dictature intellectuelle, on ajoutera que cette capacité d'argumenter doit se faire l'avocat de ceux qui ne sont pas aptes à un discours rationnel.
Mais cela ne saurait guère inspirer la confiance. Les accords sont fragiles et dans un climat intellectuel donné, les groupes partisans ne peuvent pas s'imposer comme les seuls représentants, accrédités et justifiés, du progrès et de la responsabilité! ---------
La vérité de notre humanité
--------- Il nous faut revenir aux idées précédentes selon lesquelles la liberté humaine est une liberté de la coexistence des libertés, autrement dit n'est vraie que la liberté de la réalité effective de l'homme.
Cela veut dire que je n'ai nul besoin de chercher à l'extérieur des éléments correctifs de la liberté individuelle, car cela laisserait subsister l'opposition entre liberté et responsabilité, entre liberté et vérité, ce qui ne saurait être.
Bien comprise, la liberté de l'individu implique d'elle‑même le renvoi au tout, à l'autre. Nous devons donc dire qu'il existe en chaque homme une liberté commune de
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l'humanité, celle que la tradition a déclarée «naturelle ».
La croyance en la création nous permet de mieux la formuler: il existe en Dieu une idée de l'homme à laquelle nous avons charge de répondre. Elle implique tout à la fois liberté et communauté, ordre et référence à l'avenir.
Responsabilité signifie alors vivre sa vie comme une réponse à ce que nous sommes en vérité. ---------Le décalogue est tout à la fois représentation de soi‑même, auto‑figuration de Dieu et interprétation de l'homme, apparition de sa vérité rendue visible dans le miroir de Dieu, car l'homme ne peut se comprendre vraiment qu'à partir de Dieu.
Vivre le décalogue signifie vivre la similitude divine de l'homme, et justement la liberté; fusion de notre être et de l'être de Dieu, et par conséquent accord de tous avec tout.