La communion de la foi 8

p73 Foi, PHILOSOPHIE ET THÉOLOGIE

 

Remarque finale: gnose, philosophie et théologie

 

--------- les gnostiques évitaient le terme de «philosophie ». Utilisant l'expression «gnosis», ils prétendaient à plus. La philosophie toujours questionnante, attendant des réponses qu'elle est incapable de donner elle‑même, ne leur suffisait pas.

 

Ils exigeaient un savoir certain ‑ un savoir qui serait une puissance au moyen de laquelle on pourrait maîtriser le monde en deçà et au‑delà de la mort16. La gnose devient ainsi la négation de la philosophie tandis que la foi défendait la grandeur et l'humilité de la philosophie.

 

Ne connaissons‑nous pas aujourd'hui quelque chose de tout à fait semblable? Nous sommes déçus par une philosophie que travaillent ses ultimes incertitudes. Nous ne voulons plus de la philosophie, mais désirons une gnose, c'est‑à‑dire un savoir exact et efficient et une science démontrable.

 

La philosophie est fatiguée d'elle‑même. Elle aussi voudrait s'aligner sur les autres disciplines universitaires. Elle aussi voudrait être «exacte”. Mais cela, elle le paie du prix de sa grandeur, car elle ne peut alors poser de questions essentielles.

 

Elle cesse de traiter du tout pour se contenter de la partie; et, renonçant au général, elle est prise dans le particulier. Or, l'homme ne doit pas se taire au sujet de ce dont il ne peut parler, car il resterait muet sur le plus propre de son être17.

 

Là où l'exactitude devient une valeur si absolue qu'il n'est plus possible de questionner au‑delà de la gnose exacte, l'homme se perd lui‑même, privé de ses questions les plus importantes.

 

Josef Pieper, dans une vision presque

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p74 DISCERNER ET AGIR

 

apocalyptique, disait une fois:« Il se pourrait que, à la fin de l'Histoire, la racine de toutes choses et l'extrême menace qui pèse sur l'existence ‑‑ et cela signifie bien: l'objet propre de la philosophie ‑ ne soient plus envisagées que par les croyants18. »

 

--------- La foi ne menace pas la philosophie, mais la défend contre la prétention omnisciente de la gnose. Elle défend la philosophie parce qu'elle en a besoin ‑ parce qu'elle a besoin de l'homme interrogeant et cherchant.

 

Ce qui l'arrête, ce n'est pas la question mais la fermeture: celle qui refuse de questionner, qui considère la vérité comme inatteignable ou comme dénuée de valeur. La foi ne détruit pas la philosophie; elle la défend. C'est ainsi qu'elle reste fidèle à elle‑même.

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La théologie: un état des lieux

 

La crise de la théologie de la libération

 

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p76 DISCERNER ET AGIR

 

-------- Là où la politique se veut être rédemption, elle promet trop. Là où elle veut faire le travail de Dieu, elle ne devient pas divine, mais démoniaque. --------

 

  Le relativisme, philosophie dominante

 

   C'est ainsi que le relativisme est devenu maintenant de fait un problème central pour la foi. ---------il se définit également de manière positive par les concepts de tolérance, de liberté et de reconnaissance par le dialogue, concepts qui resteraient limités si l'on supposait une vérité valable pour tous.

 

 Le relativisme apparaît en même temps comme le fondement philosophique de la démocratie, reposant sur le fait qu'il n'est permis à personne de prétendre connaître le juste chemin de la vérité;

 

la

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p77 LA THÉOLOGIE: UN ÉTAT DES LIEUX

 

démocratie fonde son existence sur la reconnaissance mutuelle de toutes les voies, qui sont autant de fragments d'expériences en vue d'un monde meilleur, et sur la recherche d'une communauté de dialogue, qui va jusqu'à englober les rivalités de connaissances contradictoires.

 

Dans ce cadre, un système reposant sur la liberté serait essentiellement un système de positions qui se comprennent d'autant mieux qu'elles sont davantage relativisées, qui de surcroît dépendent de circonstances historiques et qui doivent demeurer ouvertes à de nouveaux développements.

 

Une société libérale serait une société relativiste; ce n'est qu'à cette condition qu'elle pourrait rester libre et ouverte vers l'avenir.

 

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