p177 LA RELIGION CHRÉTIENNE AU SECOURS DE LA DÉMOCRATIE
Résumé et résultats
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1. L'État n'est pas en lui‑même principe de vérité et de morale: il n'est pas habilité à produire par lui‑même la vérité, que ce soit en la tirant d'une idéologie fondée sur le peuple, la race ou n'importe quel autre idéal, ou que ce soit en passant par une majorité. L'État n'est pas absolu.
2. La finalité de l'État ne peut pas non plus consister en une liberté vide de tout contenu. -------- Il risque sinon, comme dit saint Augustin, de déchoir au rang d'une bande de brigands qui fonctionnerait bien, puisqu'il ne serait alors déterminé que par des aspects fonctionnels et non par une justice bonne pour tous.
3. Conformément à cela, l'État doit trouver hors de lui‑même le dosage minimal en connaissance du bien et en vérité qui lui est nécessaire.
--------- Dans les faits, tous les États ont connu la vérité et l'ont mise en oeuvre à partir des traditions religieuses qui les précédaient et qui constituaient leur éducation morale. ----------
4. La foi chrétienne s'est affirmée comme portant la civilisation religieuse la plus universelle et la plus rationnelle. --
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5. Le soutien essentiel de l'État lui advient donc, nous l'avons déjà dit, de l'extérieur, non pas de la raison pure, trop restreinte dans le domaine moral, mais d'une raison arrivée à maturité par une foi historique. Il est essentiel de ne pas supprimer cette différence: l'Église ne doit pas s'élever au rang d'État, ni vouloir agir sur lui ou en son sein comme organe du pouvoir-------- Une fusion avec l'État détruirait la nature de l'État et la propre nature de l'Église.
6. L'Église reste «extérieure » à l'État. ----------Elle doit rassembler toutes ses forces pour que brille en elle cette vérité morale qu'elle propose à l'État et qui doit pouvoir apparaître clairement aux yeux des citoyens. ---------
Considération finale: le ciel et la terre
La doctrine chrétienne reprend ainsi une importance trop oubliée en notre siècle. Elle se manifeste dans l'expression paulinienne: «Notre patrie est au ciel » (Philippiens 3, 20)20---------- Pour les auteurs néotestamentaires la cité du Ciel n'est pas seulement un modèle idéal mais une dimension absolument réelle, la patrie nouvelle vers laquelle nous tendons. Elle est la mesure intérieure à laquelle nous nous soumettons, l'espérance qui nous porte dans la
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vie présente.---------
---------- La lettre aux Hébreux a développé cette pensée de façon particulièrement pénétrante: « Nous n'avons pas ici‑bas de demeure permanente, nous attendons la cité à venir» (13, 14). De l'actualité déjà active de cette cité, elle dit: « Vous vous êtes avancés vers la montagne de Sion et la cité du Dieu vivant, la Jerusalem céleste » (12, 22). Vaut à nouveau pour les chrétiens ce qu'on disait des patriarches d'Israël: ils sont des étrangers et des gens de passage, puisqu'ils tendent vers une patrie à venir (11, 13‑16). ----------
------ l'Église ------- respecte l'État terrestre, ------- même là où il n'est pas chrétien (Romains 13, 1; 1 Pierre 2, 13‑17; 1 Timothée 2, 2). ---------- En même temps, elle met un frein à la toute‑puissance de l'État: parce qu' “il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Actes 5, 29), et parce qu'elle reçoit de la Parole de Dieu ce qui est bien et ce qui est mal, elle appelle à la résistance là où serait ordonné le mal intrinsèque, ce qui est contraire à Dieu. --------- Si
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nous ne voulons pas retomber dans les filets du totalitarisme, nous devons regarder plus loin que l'État, ----------