p155 DIEU DANS LE LIVRE DE JEAN‑PAUL II
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Le pape, -------- raconte que les penseurs catholiques polonais, en présence du marxisme, s'étaient orientés en priorité vers les problèmes de la philosophie de la nature, parce que c'était là qu'ils s'attendaient aux véritables attaques de la pensée marxiste. ----
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Toutefois, dans ses souvenirs des discussions de l'après‑guerre, le pape révèle qu'à sa grande surprise ce n'était pas la philosophie de la nature, mais la question de l'homme (l'anthropologie) qui s'était manifestée comme le véritable enjeu de la confrontation avec le marxisme. --------------Toute la pensée philosophique de Karol Wojtyla tourne autour de l'homme. --------- Mais l'anthropologie du pape est théologique, parce qu'elle est salvatrice. La question de l'homme est la question de sa rédemption et, si on la prend au sérieux, la question de l'homme se transforme en contemplation de Dieu et devient une nouvelle pensée à partir de Dieu. En ce sens, le thème de Dieu est la clé de sa personnalité et de son oeuvre.
Par trois fois dans son livre, le Saint‑Père a recours à une citation de l'Évangile de saint Jean (Jean 5, 17) : « Mon Père travaille toujours et moi aussi je travaille. » Dieu, après la Création, ne s'est pas retiré dans le passé. Après le big bang, il n'est pas sorti de la réalité de notre
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monde. Dieu n'est pas un Dieu du passé, mais du présent et du futur. -------- « Le Christ est toujours jeune » (p. 179). L'amour du pape pour les jeunes est étroitement lié à sa représentation de Dieu. Il raconte que la découverte de l'importance capitale de la jeunesse a été l'expérience essentielle de sa première année de sacerdoce (p. 189).
--------- la personnalisation et le développement d'un projet de vie ne signifient rien d'autre que de rencontrer l'amour. La vocation du prêtre, de l'éducateur est donc d'enseigner l'amour: «Quand j'étais un jeune prêtre, j'ai appris à aimer l'amour humain » (p. 192). Sur ce point, l'image de Dieu et l'image de l'homme se retrouvent à nouveau et se compénètrent: le Dieu qui agit est un Dieu qui aime. Il agit parce qu'il aime. Et comme il aime, il ne peut se mettre en retrait; parce qu'il aime, il veut être voisin, et il se fait si voisin que les hommes s'éloignent avec épouvante de quiconque voudrait les en éloigner. Dieu lui‑même devient homme, et il le reste pour l'éternité. Apprendre à aimer signifie apprendre à connaître Dieu. Parce que le monde est entre les mains de Dieu qui agit, de l'amour toujours présent, pour cette raison, il nous a dit à tous: « N'ayez pas peur.»
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Conscience et vérité
Aujourd'hui, ------- le problème de la conscience se trouve au coeur de la question morale. -------- La liberté du chrétien serait alors sauvée par l'axiome de la tradition morale à savoir que la conscience est la norme ultime ‑ même face à l'autorité. Lorsque l'Autorité, ici le magistère de l'Église, se prononce sur des questions d'ordre moral ce serait pour proposer à la conscience des éléments l'aidant à se forger un jugement, mais qui cependant ne devraient pas avoir le dernier mot. Certains auteurs traduisent ce caractère de dernière instance de la conscience en déclarant celle‑ci infaillible1.
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---------- le fait que le jugement de la conscience, ou bien ce que l'on considère comme tel, ait toujours raison ou soit infaillible est une autre question. En effet, s'il en était ainsi, cela signifierait qu'il n'existe pas de vérité ‑ du moins dans le domaine de la morale et de la religion, et donc dans celui des fondements mêmes de notre existence ‑ car les divers jugements de conscience se contredisent. Il n'y aurait qu'une vérité subjective se réduisant à la sincérité de la personne et par conséquent, pas d'issue pour le sujet vers le tout et le général. ----------
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