La foi chrétienne hier et aujourd’hui 17

FOI CHRÉTIENNE

hier et aujourd'hui

p. 39

 

   Ce symbole romain resta inconnu en Orient. Grande fut la surprise des représentants romains au concile de Florence

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p40 « JE CROIS ‑ AMEN »

 

(XVe siècle) lorsqu'ils apprirent des Grecs que ce fameux symbole, attribué aux Apôtres, leur était inconnu.

 

L'Orient en effet n'avait jamais élaboré un symbole uniforme, pour la bonne raison que chez eux aucune Église particulière ne jouissait d'une position comparable à celle de Rome en Occident, comme siège apostolique unique en terre occidentale.

 

L'Orient resta toujours caractérisé par la pluralité des symboles, dont le genre théologique s'écartait un peu du symbole romain.

 

Le Credo romain (et par suite le Credo occidental tout court) met davantage l'accent sur l'histoire du salut, sur l'élément christologique.

 

Il se concentre pour ainsi dire à l'intérieur de la positivité de l'histoire chrétienne; il accepte simplement le fait de l'incarnation de Dieu pour notre salut, sans se préoccuper des causes de cet événement, sans en chercher la connexion avec l'ensemble de l'histoire.

 

L'Orient, en revanche, a toujours essayé de comprendre la foi chrétienne dans une perspective cosmo‑métaphysique.

 

On le voit dans les différentes confessions de foi, où la christologie est toujours mise en relation avec la doctrine de la création, en sorte que cet événement unique de l'histoire et le fait permanent et universel de la création se trouvent intimement liés.

 

Plus tard, nous verrons comment cette vue élargie reçoit aujourd'hui, grâce à l'impulsion des oeuvres de Teilhard de Chardin, un écho toujours croissant dans la conscience occidentale.

 

II. LIMITE ET IMPORTANCE DU TEXTE

 

   Cette esquisse à gros traits de l'histoire du symbole appelle peut‑être une explication complémentaire. Car ce coup d'oeil rapide sur la genèse du texte fait apparaître toute la tension de l'histoire de l'Église du premier millénaire, sa splendeur et sa misère.

 

A mon avis, cet aspect a également son importance pour la foi chrétienne elle‑même, il découvre sa physionomie spirituelle. D'abord, le symbole exprime par de‑là toutes les divisions et toutes les tensions, la foi commune en la Trinité.

 

Il est la réponse à l'appel de Jésus de Nazareth: « De toutes les nations faites des disciples et baptisez‑les ». En Lui, il reconnaît la proximité de Dieu et le véritable avenir de l'homme.

 

Mais il marque aussi les origines de la division entre l'Orient et l'Occident; on y perçoit la position

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p41 LE VISAGE ECCLÉSIAL DE LA FOI

 

privilégiée qui revient à Rome, en tant que chef‑lieu de tradition apostolique, et la tension qui en résulta pour l'Église tout entière.

 

Finalement ce texte reflète encore l'uniformisation de l'Église occidentale, due à la politique, l'aliénation de la foi, utilisée comme moyen d'unification de l'empire.

 

A travers ce texte, proposé comme « romain” et imposé de l'extérieur à Rome sous cette forme, nous découvrons toute la détresse de la foi, acculée à la sauvegarde de son autonomie, au milieu des intérêts de la politique.

 

Le sort de ce texte nous montre à quel point la réponse à l'appel venu de la Galilée a été mêlée, au cours de sa réalisation historique, à toutes sortes de côtés humains, aux intérêts particuliers d'une région, à des dissensions parmi les appelés à l'unité, aux intrigues des puissants de ce monde.

 

Il importe, à mon sens, d'en prendre conscience, car cela aussi fait partie de la réalité de la foi dans le monde; il importe de constater que le saut audacieux, exigé par la foi, ne s'effectue que dans les mesquineries humaines.

 

Au moment même où il accomplit pour ainsi dire son exploit le plus grandiose, le saut par‑delà l'ombre de son être vers le Sens qui le porte, à ce moment-là l'homme n'est pas pure grandeur et noblesse; là encore son action trahit les oppositions de son être, misérable dans sa grandeur et cependant toujours grand dans sa misère.

 

Ainsi apparaît un aspect central de la foi: elle implique et doit impliquer le pardon; elle veut amener l'homme à reconnaître qu'il ne peut se réaliser qu'en recevant le pardon et en l'accordant aux autres; qu'il a besoin de ce pardon, même pour ses actions les plus belles et les plus pures.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon