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VI
CONSCIENCE ET VÉRITÉ
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p148 L'ÉGLISE, UNE COMMUNAUTÉ TOUJOURS EN CHEMIN
-------- «Morale de la conscience » et “morale de l'autorité » semblent ----- s'opposer entre elles comme deux modèles totalement incompatibles; la liberté des chrétiens serait alors préservée en faisant appel au principe classique de la tradition morale, selon laquelle la conscience est la norme suprême qu'il faut toujours suivre, en s'opposant au besoin à l'autorité --------
Ce caractère d'instance ultime qu'assume la conscience, certains penseurs la synthétisent par la formule selon laquelle la conscience est infaillible86.
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p149 CONSCIENCE ET VÉRITÉ
----- Mais c'est tout autre chose de savoir si le jugement de la conscience, ou ce que l'on prend pour tel, est également toujours juste, c'est‑à‑dire s'il est infaillible.
S'il en était ainsi en effet, cela voudrait dire qu'il n'y a aucune vérité, du moins en matière de morale et de religion, c'est‑à‑dire dans ce qui touche les fondements mêmes de notre existence.
Du moment que les jugements de la conscience se contredisent, il n'y aurait donc qu'une vérité du seul sujet, qui se réduirait simplement à sa sincérité. ------------
UNE CONVERSATION SUR LA CONSCIENCE ERRONÉE ET PREMIÈRES CONCLUSIONS
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p150 L'ÉGLISE, UNE COMMUNAUTÉ TOUJOURS EN CHEMIN
------- Un jour, un collègue plus âgé que moi, -------- en vint à dire au cours d'une conversation qu'il fallait rendre grâce à Dieu d'avoir permis à tant d'hommes de pouvoir être non croyants en toute bonne conscience. –
------ Ce qui me stupéfia dans cette affirmation, ce ne fut pas tant l'idée d'une conscience erronée accordée par Dieu même, pour pouvoir sauver les hommes par ce stratagème, l'idée, pour ainsi dire, d'un aveuglement voulu par Dieu lui‑même pour le salut de ces personnes.
Ce qui me frappa le plus, ce fut l'idée que la foi est un fardeau lourd à porter, convenant uniquement à des natures particulièrement fortes. Presque une sorte de punition, et, en tout cas, tout un ensemble de lourdes exigences difficiles à affronter.
Dans une telle
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conception, la foi, loin de rendre le salut plus accessible, le rendrait plus difficile. Il faudrait donc se réjouir de n'avoir pas à supporter le poids de devoir croire et de devoir se soumettre au joug moral que la foi de l'Église catholique implique.
La conscience erronée, qui permet de vivre une vie plus facile et indique une voie plus humaine, serait donc la véritable grâce, la voie normale vers le salut. La non‑vérité, le fait de rester loin de la vérité, serait pour l'homme mieux que la vérité.
Ce n'est pas la vérité qui le libère, il devrait au contraire en être libéré. L'homme se sent mieux dans les ténèbres que dans la lumière; la foi n'est pas un don, un beau don, du bon Dieu, mais plutôt une malédiction.
S'il en est ainsi, comment la foi pourrait‑elle susciter la joie ? Comment même avoir le courage de la transmettre aux autres? Ne vaudrait‑il pas mieux leur épargner ce poids ou même les en tenir éloignés ?
Au cours des dernières décennies, ce genre de raisonnement a visiblement paralysé l'élan de l'évangélisation: si l'on comprend la foi comme un lourd fardeau, comme l'imposition d'exigences morales, on ne peut guère inviter les autres à croire: on préfère les laisser plutôt dans la liberté présumée de leur bonne foi.
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