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LA LOI DE LA SURABONDANCE
--------- Rappelons‑nous par exemple encore une fois la parole du Sermon sur la Montagne, dont nous avons vu l'inquiétante exigence: «Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens 'Tu ne tueras point ; et si quelqu'un tue, il en répondra au tribunal. ' Eh bien, moi je vous dis quiconque se fâche contre son frère, en répondra au tribunal; mais s'il dit à son frère : ' crétin ! ', il en répondra au sanhédrin et s'il dit ' renégat ! ' il en répondra dans la géhenne de feu. » (Mt 5, 21 s). ------
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-------- « Moi je vous dis: si votre justice n'est pas plus parfaite que celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez certainement pas dans le royaume des cieux.» (Mt 5, 20). ------ L'original ---- Traduit littéralement, ----- s'énonce ainsi: « Si dans votre justice il n'y a pas plus de surabondance que dans celle des scribes et des pharisiens... » -------- Le chrétien est l'homme qui ne calcule pas, mais accomplit le superflu. -------Celui qui est simplement juste, qui se préoccupe uniquement d'avoir une conduite correcte, est le pharisien. ------ le chrétien ---------a parfaitement conscience de ses défauts,
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et s'il pratique la bonté et la générosité à l'égard de Dieu et des hommes, c'est qu'il est aussi conscient de sa dépendance à l'égard de la bonté et de la générosité de Dieu et de ses semblables. La générosité de celui qui se sait le débiteur de tous et qui ne peut même plus essayer de se forger une justice qui lui permettrait d'exiger à son tour une stricte compensation, voilà le véritable ressort de la morale prêchée par Jésus (cf. Mt 18, 13‑35). Voilà le mystère, à la fois exigeant et libérateur, que nous trouvons derrière le thème de la « surabondance », sans laquelle il ne saurait y avoir de justice chrétienne.
---------- : le miracle de Cana, le miracle de la multiplication des pains sont des manifestations de cette surabondance de générosité, caractéristique de l'agir divin, de cet agir qui, dans la création, prodigue des millions de germes pour sauvegarder un seul être vivant ; cet agir qui prodigue un univers entier pour préparer
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sur la terre une place à cet être mystérieux qu'est l'homme ; cet agir qui, dans une prodigalité ultime et inouïe, se prodigue lui‑même pour sauver le « roseau pensant », l'homme, et le conduire à sa fin. Cet événement inouï échappera toujours à la raison calculatrice de ceux qui pensent juste. Il ne peut être compris que dans l'optique de la folie d'un amour qui déjoue tous les calculs et qui ne recule devant aucune prodigalité. En fin de compte, il n'est que l'aboutissement de cette prodigalité qui est comme le sceau universel du Créateur et qui est destinée à devenir désormais la loi fondamentale de notre propre être devant Dieu et devant les hommes.
------ Des préceptes comme «Quelqu'un te donne‑t‑il
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un soufflet sur la joue droite, tends‑lui encore l'autre... Quelqu'un veut‑il prendre ta tunique, laisse‑lui même ton manteau... » (Mt 5, 39 s.), ne sont pas des articles de loi à prendre à la lettre. --------- c'est la grâce seule qui sauve. --------
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------- Mais ce texte vise aussi autre chose. -------- il veut nous orienter vers ce «plus », vers cette « surabondance » et cette générosité, qui ne signifient pas que nous serons du jour au lendemain des gens « parfaits », sans défauts, mais que nous devons rechercher l'attitude de celui qui aime, qui ne calcule pas, parce que, justement, il aime.
------ Dieu lui‑même vit et agit sous la loi fondamentale de la surabondance, de cet amour qui ne peut donner moins que Lui‑même.
Est chrétien celui qui aime. Voilà la réponse toute simple à la question sur l'essence du christianisme; bien comprise, cette réponse, devant
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laquelle nous nous retrouvons à la fin de nos réflexions, contient tout.
