LA PAROLE DE DIEU 1

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   En 1961, à l'époque des travaux préparatoires du concile Vatican II, Joseph Ratzinger -------- avance la conclusion suivante dans la première partie de son exposé -------« Les "successeurs apostoliques" sont par essence la présence vivante de la Parole sous la forme personnelle du témoin».

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III

 

L'exégèse au coeur des débats

 

Où en est‑on?

 

   Dans L'Histoire de l'antéchrist de Vladimir Soloviev, l'antagoniste apocalyptique du Sauveur se présente fièrement comme docteur en théologie de la faculté de Tubingen et auteur d'un ouvrage exégétique salué par les spécialistes et considéré comme révolutionnaire. L'antéchrist comme exégète reconnu: grâce à ce paradoxe, Soloviev a mis en lumière, il y a près d'un siècle, le caractère à double tranchant des analyses bibliques modernes.

 

De nos jours, c'est quasiment un truisme de parler de la crise de la méthode historico‑critique, méthode pour le moins enthousiaste à ses débuts, car, face à la toute nouvelle liberté de penser, fruit des Lumières, le dogme apparaissait comme l'obstacle le plus évident à la compréhension

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du sens biblique dénudé de tout oripeau.

 

Libérés de ce handicap de départ et munis d'un ensemble d'instruments garants d'une stricte objectivité, les spécialistes pouvaient enfin réentendre la voix des origines, pure et sans déformation.

 

En effet, des choses longtemps oubliées réapparurent à la surface: la polyphonie de l'histoire redevint audible derrière l'homophonie de l'interprétation classique. Comme le facteur humain de l'histoire sainte ressortait avec une plasticité de plus en plus manifeste, l'action divine elle aussi apparaissait à la fois de plus en plus grande et de plus en plus proche.

 

Mais peu à peu l'image se brouille. Les hypothèses se multipliaient, se remplaçant l'une l'autre et formant progressivement une palissade qui empêchait le non‑initié d'accéder à la Bible.

 

Quant à l'initié lui‑même, il ne lit plus la Bible; il la dissèque en autant d'éléments dont elle serait constituée. C'est la méthode elle‑même qui semble réclamer cette radicalisation: elle ne peut pas s'arrêter quelque part, dans un arbitrage du processus humain de l'histoire sainte.

 

Elle doit essayer d'enlever ce qui reste d'irrationnel, et de tout expliquer. La foi n'est pas un composant de la méthode et celle‑ci ne compte pas avec Dieu comme facteur d'événements historiques.

 

-------elle doit essayer de dissocier les

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fils de telle sorte que l'on ne retienne, en fin de compte, que le « réellement historique» ‑c'est‑à-dire uniquement la dimension humaine des événements ‑, et que l'on puisse expliquer par ailleurs comment l'idée divine a ensuite été mêlée à tout cela.

 

 Aussi s'oblige‑t‑on à construire une histoire «véridique », par opposition à celle qui est narrée, et recherche‑t‑on derrière les sources existantes ‑les livres bibliques‑, des sources primitives dont on fait le critère de l'exégèse.

 

  Cela n'étonnera personne que ce genre de procédé génère une ramification de plus en plus importante des hypothèses, aboutissant à une jungle de contradictions. A la fin, on n'apprend plus ce que dit le texte, mais ce qu'il était censé dire et à quels composants on peut le ramener1.

 

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----------- Aussi est‑ce la voie radicale, également appelée « fondamentalisme », qui suscite des adeptes, pour lesquels l'application de la méthode historique au Verbe divin est fausse et erronée en soi, et qui veulent réentendre la Bible dans un sens purement littéral, comme elle est écrite et comme l'entend l'auditeur moyen.

 

Mais à partir de quel moment entends‑je la Bible «littéralement» ? Et quel est l'entendement « normal» qui lui permet d'être entièrement telle qu'en elle-même?-------

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon