L’Église en chemin 20

p155 CONSCIENCE ET VÉRITÉ

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   Du reste, un simple regard sur l'Écriture sainte aurait suffi pour nous épargner un tel diagnostic, et une telle théorie de la justification par la conscience erronée. Le psaume 19,13 contient cette affirmation, toujours valable: «Mais qui s'avise de ses faux pas? Purifie‑moi du mal caché. »

 

Il ne s'agit pas ici d'objectivation vétéro-testamentaire, mais de la sagesse humaine la plus profonde: ne plus voir les fautes, le silence progressif de la voix de la conscience devant de si nombreuses situations de l'existence, est une maladie spirituelle beaucoup plus dangereuse en elle‑même que la faute que l'on est encore en mesure de reconnaître comme telle.

 

Qui n'est plus en mesure de reconnaître que tuer est un péché est tombé beaucoup plus bas que celui qui peut encore reconnaître le mal qu'il a fait, car il s'est éloigné encore davantage de

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p156 L'ÉGLISE, UNE COMMUNAUT TOUJOURS EN CHEMIN

 

la vérité et de la conversion.--------

 

-------- Si le publicain, avec tous ses péchés indéniables, se trouve plus justifié devant Dieu que le pharisien avec toutes ses oeuvres véritablement bonnes (Lc 18, 9‑14), ce n'est pas parce que les péchés du publicain ne sont pas en quelque sorte véritablement des péchés, ni parce que les bonnes oeuvres du pharisien ne sont pas de bonnes oeuvres. ------

 

---- La raison véritable de ce jugement paradoxal de Dieu devient claire justement à propos de notre problème: le pharisien ne sait plus qu'il a lui aussi commis des fautes. Il est complètement en paix avec sa conscience.

 

Mais ce silence de la conscience le rend imperméable à Dieu et aux hommes. Le cri de la conscience, au contraire, qui retentit sans trêve dans le coeur du publicain, le rend capable de vérité et d'amour.

 

C'est la raison pour laquelle Jésus peut agir avec succès auprès des pécheurs : ils ne sont pas devenus, derrière le paravent d'une conscience erronée, imperméables à ce changement que Dieu attend d'eux, comme il l'attend de chacun de nous.

 

Jésus ne peut en revanche avoir aucun succès auprès des «justes » précisément parce qu'il leur semble ne pas avoir besoin de pardon et de conversion ; leur conscience en effet ne les accuse pas, mais les justifie.

 

   Nous pouvons trouver quelque chose d'analogue par

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ailleurs chez saint Paul: celui‑ci nous dit que les païens connaissent très bien, même sans avoir la loi, ce que Dieu attend d'eux (Rm 2,1‑16).

 

Toute la théorie du salut par le moyen de l'ignorance s'écroule dans ces versets : il y a dans l'homme la présence absolument inévitable de la vérité, de la vérité unique du Créateur, qui a été ensuite mise également par écrit dans la révélation de l'histoire du salut.

 

L'homme peut voir la vérité de Dieu en raison de son essence de créature. Ne pas la voir est un péché. On ne la voit pas seulement quand on ne veut pas la voir, parce qu'on ne veut pas la voir. Ce refus de la volonté, qui empêche la connaissance, est coupable.

 

Par conséquent, si le voyant lumineux ne s'allume pas, c'est parce qu'il y a volonté délibérée de nous soustraire à ce que nous ne voulons pas voir89.

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon