L’Église en chemin 25

p171 CONSCIENCE ET VÉRITÉ

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   C'est sur cette anamnèse du Créateur, qui s'identifie avec le fondement même de notre existence, que se fondent la possibilité et le droit de la mission. L'Évangile peut, bien plus: doit ‑ être prêché aux païens, parce qu'eux‑mêmes, au plus intime de leur être, l'attendent (cf. Is 42,4).

 

De fait, la mission se justifie si les destinataires, dans la rencontre avec la parole de l'Évangile, re‑connaissent : “Voilà, c'est justement ce que j'attendais. »

 

En ce sens, Paul peut bien dire que les païens se tiennent à eux‑mêmes lieu de loi, non dans le sens de l'idée moderne et libérale d'autonomie, qui exclut toute transcendance du sujet, mais dans le sens beaucoup plus profond que rien ne m'appartient aussi peu que mon propre moi, que mon moi personnel est le lieu du dépassement le plus profond de moi‑même, le lieu du contact avec ce dont je proviens et vers quoi je vais.

 

Paul exprime dans ces phrases l'expérience qu'il avait faite lui‑même comme missionnaire parmi les païens, et qu'Israël avait dû déjà expérimenter auparavant dans ses rapports avec ceux que l'on appelait les «craignant‑Dieu ».

 

Israel avait pu faire l'expérience dans le monde païen de ce qui rencontra une nouvelle confirmation chez ceux qui annonçaient Jésus Christ : leur prédication répondait à une attente.

 

 Elle allait à la rencontre d'une connaissance antérieure fondamentale sur les éléments essentiels, constants, de la volonté de Dieu : cette connaissance fut mise par écrit dans les commandements, mais il est

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p172 L'ÉGLISE) UNE COMMUNAUTÉ TOUJOURS EN CHEMIN

 

possible de la retrouver dans toutes les cultures,

 

---------- Plus l'homme vit dans la «crainte de Dieu » ‑ voir l'histoire de Corneille (en particulier Ac 10,34) ‑, plus cette anamnèse devient, concrètement et clairement, efficace.

 

   Considérons encore une idée de saint Basile: l'amour de Dieu, qui se concrétise dans les commandements, ne nous est pas imposé de l'extérieur ‑ souligne‑t‑il ‑ mais a été infus en nous précédemment. Le sens du bien a été imprimé en nous, déclare de son côté saint Augustin.

 

Ceci nous permet à présent de comprendre le toast de Newman levé tout d'abord à la conscience, et ensuite seulement au pape. Le pape ne peut imposer des commandements aux fidèles catholiques uniquement parce qu'il le veut, ou qu'il le juge utile. 

 

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon