Benoit XVI au Bundestag

ROME, Jeudi 22 septembre 2011 (ZENIT.org) – Le pape Benoît XVI crée la surprise devant le Bundestag, le Parlement allemand, en faisant une lecture originale de l’émergence du mouvement écologique allemand dans les années 70, et il en appelle plus encore à une « écologie humaine ». Un discours contesté avant d’être prononcé et applaudi « debout » pendant plusieurs minutes.

L’intelligence du droit.

    « Sur la base de ma responsabilité internationale, a annoncé le pape, je voudrais vous proposer quelques considérations sur les fondements de l’État de droit libéral. »

Citant l’exemple biblique du roi Salomon, le Sage, le pape a souligné -------- La politique doit être un engagement pour la justice et créer ainsi les conditions de fond pour la paix. ------- le succès est subordonné au critère de la justice, à la volonté de mettre en œuvre le droit et à l’intelligence du droit. »

   Evoquant la période nazie, Benoît XVI a donné ce contre-exemple : « Nous avons fait l’expérience de séparer le pouvoir du droit, de mettre le pouvoir contre le droit, de fouler aux pieds le droit, de sorte que l’État était devenu une bande de brigands très bien organisée, qui pouvait menacer le monde entier et le pousser au bord du précipice. »

La politique, pour combattre l’injustice.

---------

Il a aussi cité la Résistance à l’oppression : « Les combattants de la résistance ont agi contre le régime nazi et contre d’autres régimes totalitaires, rendant ainsi un service au droit et à l’humanité tout entière. Pour ces personnes il était évident de façon incontestable que le droit en vigueur était, en réalité, une injustice. »

----------

L’autonomie du politique, conquête chrétienne.

   Il rappelle que le christianisme assure l’autonomie du politique, par la part qu’il accorde à la raison humaine : « Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé, un règlement juridique découlant d’une révélation. Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit – il a renvoyé à l’harmonie entre raison objective et subjective, une harmonie qui toutefois suppose le fait d’être toutes deux les sphères fondées dans la Raison créatrice de Dieu. »

« Pour le développement du droit et pour le développement de l’humanité il a été décisif que les théologiens chrétiens aient pris position contre le droit religieux demandé par la foi dans les divinités, et se soient mis du côté de la philosophie, reconnaissant la raison et la nature dans leur corrélation comme source juridique valable pour tous », a expliqué le pape.

----------

   Le pape discerne « une conception positiviste de la nature, qui entend la nature de façon purement fonctionnelle, comme les sciences naturelles l’expliquent » et qui se révèle incapable de « créer un pont vers l’ethos et le droit ». Il déplore donc une « vision positiviste, qui chez beaucoup est considérée comme l’unique vision scientifique » et dans laquelle « ce qui n’est pas vérifiable ou falsifiable ne rentre pas dans le domaine de la raison au sens strict ».

Les limites de la raison positiviste.

    Il compare cette vision à une construction aveugle en béton armé : ---------

   Or, à la surprise de tous, le pape a cité le mouvement écologique comme une tentative d’ouvrir une fenêtre dans ce béton, ---------

   Sous les applaudissements, le pape a poursuivi : ---------L’importance de l’écologie est désormais indiscutée. Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence ».

Une écologie de l’homme.

   Plus encore, le pape a affirmé : « Il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté. ------ et de nouveaux applaudissements ont salué ce nouveau développement.

-------- « La culture de l’Europe est née de la rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome – de la rencontre entre la foi au Dieu d’Israël, la raison philosophique des Grecs et la pensée juridique de Rome. Cette triple rencontre forme l’identité profonde de l’Europe. »

-------- « Dans la conscience de la responsabilité de l’homme devant Dieu et dans la reconnaissance de la dignité inviolable de l’homme, de tout homme, cette rencontre a fixé des critères du droit, et les défendre est notre tâche en ce moment historique.

Et de conclure en évoquant à nouveau le roi Salomon : «  Je pense qu’aujourd’hui aussi, en dernière analyse, nous ne pourrions pas désirer autre chose qu’un cœur docile – la capacité de distinguer le bien du mal et d’établir ainsi le vrai droit, de servir la justice et la paix. »

----------

© Robert Hivon 2014     twitter: @hivonphilo     skype: robert.hivon  Facebook et Google+: Robert Hivon