p57 E I lEU SAC ElI
-----------
La foi chrétienne apporta trois innovations à l'architecture intérieure de la synagogue, -------- La première: on ne tourne plus le regard vers Jérusalem; ------- Le regard se tourne maintenant vers l'orient, vers le soleil levant.
Il ne s'agit pas de rendre un culte solaire, mais d'écouter le cosmos parler du Christ. Dans le psaume 19 [18] le soleil, assimilé au Christ, comme un époux, sort de son pavillon et se réjouit, vaillant, de courir sa carrière. À la limite des cieux il a son lever et sa course atteint à l'autre limite. Vers. 6 ss.) ------
==================================
p58 L'ESPRIT DE LA LITURGIE
-------- L'Orient prend symboliquement le relais du Temple de Jérusalem et le Christ, représenté par le soleil, devient le lieu de la shekinah, du trône du Dieu vivant. Par l'incarnation, c'est la nature humaine qui est véritablement devenue le trône de Dieu, -----------
------- en dirigeant notre regard vers l'est, nous le tournons d'abord vers le Christ, point de rencontre de Dieu et de l'homme. ------- Le soleil levant symbolise le Seigneur du second avènement, l'aube finale de l'histoire. Prier en direction de l'est signifie donc aussi partir à la rencontre du Christ qui vient. ------
--------- Le voici qui vient, escorté des nuées; chacun le verra, même ceux qui l'ont transpercé, et sur lui se lamenteront toutes les races de la terre. Oui, amen! ----
==================================
p59 LE LIIIJ SM IlL
-------- Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme; et alors toutes les races de la terre [Za 12, 10] se frapperont la poitrine; et l'on verra le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel [Da 7, 13] ---------
------ Le cosmos prie aussi. Lui aussi attend la Rédemption. ---------
La deuxième nouveauté du bâtiment de l'église chrétienne est un élément original, qui ne pouvait exister dans la synagogue. C'est l'autel, sur lequel est célébré le sacrifice eucharistique et qui se trouve dans l'abside, ou plus précisément adossé au mur oriental.
De par sa position, l'autel tout à la fois désigne l'orient et en fait partie. Dans la synagogue, le Tabernacle de la Parole dirigeait le regard vers Jérusalem; dans l'église, l'autel est le nouveau point focal de la liturgie, qui reprend sous une forme nouvelle, la signification du Temple.
L'Eucharistie nous donne accès à la liturgie céleste, elle est l'acte par lequel l'adoration éternelle de Jésus‑Christ nous est rendue présente, ici‑bas.
L'autel ouvre ainsi le ciel à la communauté rassemblée, ou plutôt conduit celle‑ci, au‑delà d'elle‑même, dans la communauté de tous les saints. L'autel est pour ainsi dire une ouverture dans le ciel; ----
==================================
p60 L'ESPRIT DE LA LITURGIE
-----------
Venons‑en à la troisième innovation introduite par la foi chrétienne. Le Tabernacle de la Parole est toujours présent, sa place est la même que dans la synagogue.
Mais les rouleaux de la Torah s'accompagnent maintenant des Évangiles, qui seuls permettent de comprendre le sens de la Torah. «Car c'est de moi qu'il [Moïse) a écrit», dit le Seigneur (Jn 5, 46).
-------- L'usage, transmis par la synagogue, de dissimuler le coffre derrière une tenture pour souligner la sainteté de la Parole, a été conservé dans l'église. Très logiquement, le second emplacement sacré, l'autel, est lui aussi caché par un rideau, qui se transformera en iconostase dans l'Église d'Orient.
------- Tout comme le rabbin, qui ne parle pas de sa propre autorité, l'évêque interprète maintenant la Bible au nom et sur l'ordre du Christ, pour que, de parole écrite et passée, elle redevienne ce qu'elle est: la Parole toujours vivante que Dieu nous adresse.
À la fin de la liturgie de la Parole, l'évêque et les fidèles se déplacent ensemble vers l'autel. C'est maintenant que retentit l'appel: Conversi ad Dominum ‑ « Tournez-vous vers le Seigneur», c'est‑à‑dire regardez, avec l'évêque, vers l'est, au sens de l'épître aux Hébreux : fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la perfection (12, 2). --------