p134 FOI, VÉRITÉ, mi ÉRANCE
------ Aussi paraît‑il plus judicieux de chercher sa propre singularité originelle que de se laisser imposer ce qui est étranger et désuet.
Mais avant tout, si la «sobre ivresse » du mystère chrétien n'est pas en mesure de nous rendre ivres de Dieu, alors justement l'ébriété effective d'extases opérantes doit être sollicitée, qui par son caractère passionné nous soulève violemment et, l'espace d'un moment du moins, fait de nous des dieux et, l'espace d'un moment, nous permet de sentir le plaisir de l'infini et d'oublier la détresse du fini.
Plus la vanité des absolutismes politiques devient notoire, plus puissants deviendront l'attraction de l'irrationnel et le refus de la réalité de tous les jours13.
Le pragmatisme dans le quotidien du chrétien
A côté de ces solutions radicales et du grand pragmatisme de la théologie de la libération, existe aussi en sa grisaille le pragmatisme ecclésial de tous les jours, dans lequel tout semble aller de soi, mais où en réalité on use de la foi comme d'un objet de consommation et où elle se dégrade, devenant étriquée. -------
C'est, en premier lieu, à divers degrés d'intensité, la tentative d'élargir le principe de pluralité à la foi et aux moeurs, et par là d'arriver en fin de
=================================
p135 IFS NOUVEAUX QUESTIONNEMENTS
compte à « démocratiser » l'Église. --------
Si beaucoup se détournent de la foi, c'est parce qu'elle leur semble pouvoir être déterminée par n'importe quelles instances, comme une sorte de programme de parti: -------
L'autre point sur lequel je voulais attirer l'attention a trait à la liturgie. Les diverses étapes de la réforme liturgique ont donné à penser que la liturgie est susceptible d'être modifiée à volonté. --------
=================================
136 FOI, VÉRITÉ, TOLÉRANCE
----- on voudrait une liturgie de l'expérience, qui en arrive très vite à s'approcher des tendances du New Age. -------
-----
Tâches de la théologie
------ la théologie de la libération avait tenté de donner au christianisme, fatigué de ses dogmes, une nouvelle praxis grâce à laquelle la rédemption (ce qui l'était encore) devait finalement advenir.
Mais cette praxis a laissé derrière elle la destruction au lieu d'apporter la liberté. Il n'en subsista que le relativisme et la nécessité de s'y confronter. Mais ce qui est proposé est à son tour si vide que les théories relativistes cherchent de l'aide dans la théologie de la libération afin d'être, à partir d'elles, capables de devenir pratiques.
Le New Age enfin nous dit: abandonnons l'expérience chrétienne naufragée, revenons plutôt aux dieux, c'est plus facile à vivre. --------
=================================
p137 LES NOUVEAUX QUESTIONNEMENTS
------ comment la théologie classique a‑t-elle pu se révéler aussi désarmée en face de telles circonstances? -----
--- Hick et Knitter. ----- l'exégèse, disent‑ils, a prouvé que Jésus lui‑même ne se tenait nullement pour le fils de Dieu, pour le Verbe fait chair, mais qu'il l'a été peu à peu, à posteriori, par ses disciples14. --------Hick nous assure que Kant a prouvé de façon irréfutable que des absolus ‑ ou l'absolu ‑ ne peuvent être reconnus dans l'histoire, ni ne peuvent y être admis comme tels15.
A partir de la structure de notre connaissance ‑ d'après Kant ‑ ne saurait exister ce qu'affirme la foi chrétienne: les miracles, les mystères et les moyens de la grâce ne sont que croyances chimériques------
- La question de l'exégèse et celle des limites et des possibilités de notre raison, et par là des préalables de la foi, me semble en effet à proprement parler manifester le point crucial de la
=================================
p138 FOI, VÉRITÉ, TOLÉRANCE
théologie contemporaine, à partir duquel la foi ‑ et la foi des simples, de plus en plus ‑ en vient à se trouver en crise.