p90 LE DIEU DE JÉSUS‑CHRIST
-------------
---------- Ce qui
================================
p91 JESUS‑CHRIST
donne son importance à Jésus et le rend irremplaçable pour tous les temps, c'est justement le fait qu'il était et qu'il est le Fils, qu'en lui Dieu s'est fait homme.
Dieu n'évince pas l'homme, lui seul lui donne son prix et lui confère une importance infinie. Eliminer Dieu, ce n'est pas découvrir l'homme Jésus, mais au contraire l'étouffer au profit d'idéaux fabriqués par soi‑même et de courte durée.
------- Si Jésus était Dieu, ------Alors seulement quelque chose s'est produit, il n'y a vraiment eu Histoire que s'il est vrai que Jésus est Fils de Dieu. ----
------ Arius voulait conserver la pureté du concept de Dieu. Il ne voulait pas attribuer à Dieu une chose aussi naïve que l'Incarnation. Il était convaincu qu'il ne fallait en fin de compte
=================================
p92 LE DIEU DE JÉSUS‑CHRIST
absolument pas mêler la notion de Dieu, et Dieu lui-même, à l’histoire humaine.
Il était persuadé qu'en dernière instance le monde devait régler ses affaires soi‑même, que celui‑ci ne pouvait absolument pas s'approcher de Dieu et que Dieu lui‑même était trop grand pour pouvoir entrer en contact avec le monde.
--------- Mais ne sommes‑nous pas depuis longtemps revenus tout doucement à un athéisme de cette sorte ? Ne nous paraît‑il pas insupportable à nous aussi d'abaisser Dieu à la condition humaine et ne nous semble‑t‑il pas impossible que l'homme puisse vraiment faire quelque chose avec Dieu dans le monde ?
N'est‑ce pas pour cette raison que nous nous sommes passionnément tournés vers l'homme Jésus ? Mais nous en sommes arrivés à une philosophie du désespoir, car si Dieu n'a aucun pouvoir sur le monde, si nous sommes les seuls à en avoir, reste‑t‑il alors autre chose que le désespoir qui se cache sous tous ces grands mots?
« Piscatorie non aristotelice ---------
=================================
p93 JÉSUS‑CHRIST
------- L'homoousios, est‑ce une réponse de pêcheurs ? -------- de quoi s'agit‑il exactement? Parmi les nombreuses dénominations par lesquelles la foi avait tout d'abord cerné le mystère de Jésus, une seule et unique se dégagea de plus en plus au fur et à mesure que s'élaborait la profession de foi, comme étant le centre qui englobe tout le reste: le mot « Fils ».
Enraciné dans la prière de Jésus, ce mot renvoie à l'intimité profonde de celui-ci. ---------- Le petit mot homoousios n'est aux yeux des Pères de Nicée que la transposition de l'image du « Fils » en un concept.
Ce mot qui veut tout simplement dire : « Fils » n'est pas seulement une comparaison, mais une réalité littérale. Le coeur même de la Bible, son témoignage sur Jésus-Christ, est à prendre à la lettre. Le mot est à prendre à la lettre ‑ c'est cela et rien d'autre, appeler Jésus consubstantiel au Père.
Ce n'est pas là une philosophie s'ajoutant à la Bible, c'est une protection contre l'emprise de la philosophie. ------- Ce que les Pères ont effectivement dit ici est une réponse de
=================================
p94 LE DIEU DE JÉSUS‑CHRIST
pêcheurs: le mot est à prendre au mot. Il vaut pour ce qu'il est.
C'est l'audacieuse grandeur de cette phrase qui est tout autre chose qu'une performance humaine dans la chasse au concept: quittant la querelle des concepts, il ramène au coeur même du mot. Dans sa simplicité, le mot a sa valeur et c'est par là qu'il atteint une grandeur qui nous provoque.
Ce n'est pas une idée, mais une réalité. Le Fils est vraiment le Fils. C'est pour cela que sont morts les martyrs, c'est de cela que vivent les chrétiens de tous les temps: seule une telle réalité est durable (17).