Darras tome 42 p. 193
§ IV — LA CÉLÉBRATION DU CONCILE.
29. Pie IX était homme de volonté et homme d'ordre : il avait annoncé l'ouverture du Concile pour le 8 décembre 1869, il entendait l'ouvrir ce 8 décembre. Pendant que les libéraux et les radicaux agitaient le monde par leurs excès; pendant que les fidèles appelaient sur le Concile les lumières du Saint-Esprit et que les évêques se dirigeaient vers Rome par tous les chemins de l'univers, le Pape s'était préparé à recevoir les évêques: Pour l'établissement matériel des Prélats, il avait été pourvu avec la facilité qu'offrait alors la ville de Rome : Pie IX donnait l'hospitalité aux plus pauvres; les familles patriciennes se réservaient d'en recevoir plusieurs. Pour l'installation du Concile, elle s'était faite, avec le concours de l'architecte Vespigniani, dans Saint-Pierre au Vatican, chapelle des Saints Processe et Martinien martyrs. Ce bras-nord de la basilique avait été isolé par une cloison. Au fond, s'élevait le trône pontifical; à droite et à gauche du trône, les sièges des cardinaux, puis ceux des patriarches. Les sièges des archevêques, évêques, abbés mitrés et généraux d'Ordre étaient disposés en gradins à droite et à gauche le long des murs latéraux. Près de l'entrée s'élevait un autel fort simple; à côté de l'autel, la chaire. Des tribunes étaient réservées aux princes, au corps diplomatique et aux théologiens du Concile. A cause de son étendue et du grand nombre de personnes qui assistaient aux séances, la salle offrait d'abord des difficultés pour se faire facilement entendre; en diminuant la pièce en longeur et en hauteur par un grand voile, il fut remédié autant que possible à cet inconvénient, d'ailleurs inévitable dans toutes les grandes assemblées.
30. Quant au règlement qui devait diriger la sainte Assemblée, le Pontife y avait pourvu, le 27 novembre 1889, par la Bulle Inter Multiplices. Expérience faite, ce règlement parut appeler quelques améliorations qui furent édictées le 20 février 1870, par les cardinaux présidents. D'autre part, l'intérêt de l'Eglise exigeait
=========================================
p194 Pontificat de pif. ix (I 810-1878^
qu'il fut pourvu, en cas de vacance pendant le Concile, à l'élection du Pontife Romain. Une bulle statua que si Pie IX venait à mourir, le Concile serait immédiatement suspendu et que l'élection du successeur se ferait dans la forme usitée. De plus, pour le bien général du peuple chrétien et pour rendre la pénitence plus efficace, il fut pourvu, par la bulle Apostolicœ sedis, à la mitigation des censures. Depuis cinquante ans, les peuples s'étaient amollis ; en maintenant les anciennes règles, on eut couru le danger d'épuiser trop tôt leur bonne volonté et en voulant les ramener au bien, de les laisser aller au mal : l'Eglise, qui est une mère, adoucit les règles, pour donner la mesure de son amour et laisser la faiblesse sans excuse.
31. Cependant les évêques arrivaient à Rome avec leurs théologiens; presque tous apportaient au pape des adresses par quoi les prêtres exprimaient, en termes ardents, leurs sentiments de piété envers le Saint-Siège et des présents par lesquels le peuple chrétien donnait la preuve de la même piété. Le 2 décembre eut lieu un congrégation préparatoire; Pie IX y prononça une allocution sur l'union nécessaire entre les membres du concile ; c'était l'exhortation la plus à propos qu'il put offrir. D'autre part, les maîtres des cérémonies notifiaient aux évêques l'indication du costume à porter par chaque prélat et l'ordre à observer pour le jour d'ouverture.
L'ouverture du Concile eut donc lieu le 8 décembre. Le temps, précédemment beau, avait tourné; il pleuvait à torrents. Un italien expliquait ce contre-temps par la volonté du diable, de troubler une cérémonie d'où il espérait peu de lustre. Les Pères s'étaient réunis au Vatican de bonne heure. A neuf heures, ils entraient, par l'escalier royal, dans la basilique de Saint-Pierre. Le Pape, porté sur la sedia gestatoria, entonna le Veni Creator. Depuis six heures du matin, tous les autels étaient occupés par des prêtres offrant le saint sacrifice. Le long des murs, dans le fond des chapelles, des hommes, des femmes, le front dans la main, priaient. D'autres avaient d'autres soucis. « Chacun dans la foule, dit Veuillot, reconnaissait, les siens, les doctes, les élo-
=========================================
p195 IV. — LA CÉLÉBRATION DU CONCILE
quents, les persécutés, les héroïques. On se montrait ceux qui viennent de si loin et qui ont fait de si grandes choses, maintenant ignorées du monde, mais que l'histoire glorifiera. On se redisait des noms que les peuples futurs liront et béniront au premier chapitre de leurs annales, et que les vieux peuples rajeunis chanteront en racontant leur renaissance et leur rentrée au bercail du Christ. Mêlés aux Evêques de l'Europe encore catholique, voici donc les Evêques de la Chine, les Evêques des Indes, les Evêques de l'Amérique tout entière, les Evêques de l'Afrique, les Evêques de l'Océanie.
« Plusieurs de ces hommes ont fondé leur diocèse et quelques-uns ont fondé leur peuple, et d'autres, après trois cents ans, ont redressé leur siège que l'hérésie avait renversé, et relevé leur église dont l'emplacement même avait disparu. Celui-ci a été choisi de Dieu pour ramener au jour la chrétienté du Japon, enterrée depuis plus de deux siècles au pied d'un gibet; celui-ci a été le premier missionnaire établi dans la contrée, le premier Evêque de son diocèse, le premier Archevêque de sa province; celui-ci a trouvé en arrivant l'anthropophagie, et il laisse en partant des monastères (1). »
La messe d'ouverture fut célébrée par le cardinal Patrizi, dans la salle de Concile. Un vicaire de la basilique prononça le discours d'ouverture, comparant les Pères aux Apôtres qui semaient dans les larmes et devaient moissonner dans la joie. Après quoi, le secrétaire de Concile, Joseph Fessier, déposa le livre des Evangiles sur un trône d'or. Tous les Pères s'approchèrent successivement du Pape pour l'obédience; les cardinaux lui baisèrent la main; les archevêques et evêques, le genou droit; les abbés et généraux d'ordre, le pied. Pie IX adressa aux membres du Concile une courte allocution et les engagea à remplir fidèlement tous leurs devoirs. On entonna ensuite les litanies des Saints qui suivirent les prières liturgiques. Le décret d'ouverture ayant été lu, tous les Pères le ratifièrent et Pie IX
---------------
(1) Rome pendant le Concile, t. I, p.
========================================
p196 PONTIFICAT DE IME IX ( 18 1G-1878)
entonna le Te Deum. Il était prés de quatre heures quand la cérémonie prit fin; la réunion d'ouverture avait duré neuf heures. Tous les Pères étaient à jeun. La ville fut illuminée le soir et six corps de musique devaient parcourir les principales rues de la cité sainte. Quelque jours après, en l'honneur des évêques, avait lieu, à la villa Borghèse, une grande revue de la petite armée du Pape.
32. Voici quelle était la composition du Concile.
La statistique officielle des membres de la hiérarchie catholique actuelle qui peuvent,
de droit ou en vertu d'un privilège, siéger au Concile, comprend 55 Cardinaux, 11 Patriarches, 927 Primats, Archevêques, Evêques et
Abbés nullius, 22 Abbés mitrés et 29 généraux d'ordres religieux. Le
total, d'après un premier catalogue était de 1,014 et d'après un second catalogue publié le 1er mai
1870, de 1,050. En fait, le nombre des Pères présents à la première session était de 691, à la seconde, 705; à la
troisième, 667; à la quatrième, 535. Il y avait, des décédés, une quinzaine; et d'absents pour divers motifs, trois cent trente-quatre.
La langue latine est seule admise dans les congrégations générales et les sessions. Des interprètes assermentés sont mis à la disposition des Pères orientaux.
Le Concile avait été ouvert le mercredi; le vendredi suivant, fut assigné pour la première congrégation générale. Après la profession de foi de Pie IV, les Pères devaient procéder à l'élection des quatre commissions dogmatiques, disciplinaires, des ordres religieux et des rites orientaux, composées chacune de vingt-quatre membres. Ces commissions furent successivement élues à la majorité des suffrages.
33. Précédemment,
pour aider à la prompte exécution des affaires, Pie IX avait nommé une commission des postulata formée de
vingt-cinq membres; elle avait pour objet d'examiner, de rejeter ou d'admettre
les propositions dues à l'initiative des membres du Concile. De plus, pour que
les choses se passassent honnêtement et selon l'ordre, comme il sied à une
assemblée
sainte, le Concile dut nommer d'abord deux commissions, cha-
=========================================
p197 § IV. — LA CÉLÉBRATION DU CONCILE
cune de cinq membres : l'une pour les excuser d'absences et congés: l'autre pour les questions de préséance, plaintes et différends. Après quoi la première grande commission nommée, de beaucoup la plus importante et par le fait, à peu près la seule qui eut occasion d'agir, fut la commission De fide. Voici la liste officielle de ses membres, dressée par ordre de suffrages obtenus :
1.Mgr Emmanuel Garcia Gil, Archevêque de Saragosse (Espagne.)
2.Mgr Louis-François Pie, Évêque de Poitiers (France).
3.Mgr Patrice Leahy, Archevêque de Cashel (Irlande).
4.Mgr Réné-François Régnier, Archevêque de Cambrai (France).
5.Mgr Jean Simor, Archevêque de Strigonie (Gran), en Hongrie.
G. Mgr André-Ignace Schœpman, Archevêque d'Utrecht (Hollande).
7.Mgr Antoine Ilassoun, Patriarche de Cilicie (Arménie).
8.Mgr Barthélémy d'Avanzo, Évêque de Calvi et Teano (Deux-Siciles).
9.Mgr Miecislas Ledochowski, Archevêque de Gnesen et Posen (Prusse).
10.Mgr François-Emile Cugini, Archevêque de Modène.
11.Mgr Sébastien-Dias Larangeira, Évêque de Saint Pierre de Rio Grande (Brésil).
12.Mgr Ignace Seneslrey, Évêque de Ratisbonne (Bavière).
13.Mgr Victor-Auguste Dechamps, Archevêque de Malines (Belgique).
14.Mgr Jean-Martin Spalding, Archevêque de Baltimore (Etats-Unis).
15.Mgr Antoine Monescillo, Évêque de Jaën (Espagne),
16.Mgr Pierre-Joseph de Preux, Évêque de Sion (Suisse).
17.Mgr Vincent Gasser, Évêque de Brixen (Tyrol).
18.Mgr Raphaël-Valentin Valdivieso, Archevêque de Santiago (Chili).
=========================================
p198 pontificat de we i.\ 1810-1878)
19. Mgr Henri-Edouard Manning, Archevêque de Westminster
(Angleterre).
20.Mgr Frédéric-Marie Zinelli, Évoque de Trévise (Lombardie).
21.Mgr Joseph Cardoni, Archevêque d'Edesse (ancienne Antioche).
22.Mgr Walter Stems, Archevêque de Bosra (Palestine).
23.Mgr Conrad Martin, Évêque de Paderborn (Prusse).
21. Mgr Joseph Sant Alemang, Archevêque de San-Francisco (Californie).
Après celle élection, très significative comme indice des sentiments intimes de l'assemblée conciliaire, Veuillot écrivait ces mémorables paroles : « Le Pape et le Concile sont un, veulent être un. Le but qu'ils poursuivent avec un accord antérieur, en quelque sorte instinctif, est la consommation plus parfaite et plus évidente de cette unité : Unum sint ! Qu'ils soient un ! Cette parole domine toutes les considérations et toutes les combinaisons. L'on cherche à deviner qui sera l'âme du Concile ? Ni celui-ci, ni celui-là, ni le Pape lui-même. L'âme du Concile, c'est Jésus-Christ, disant à son Père céleste : Qu'ils soient un, et promettant à l'Église d'envoyer son Esprit, qui lui éclairera et lui rappellera tout l'enseignement du maître.
«Jésus-Christ n'a pas en vain prié, en vain promis, et ces hommes pieux qui invoquent la lumière, ne laisseront pas détourner leurs regards ni leurs cœurs. Ils iront à l'unanimité que Jésus-Christ a commandée, qu'il a fondée pour être la nature propre de son Église, qu'il a maintenue à travers tant de siècles, affermie contre tant de contradictions. L'unité surgira rayonnante en face de la dissolution qui terrifie le genre humain. La foi apparaîtra plus certaine lorsque l'autorité semble partout au moment de périr. Quand les sociétés sans Dieu sont réduites à se cercler de fer pour garder une sorte de consistance, la société du Christ leur donnera cet exemple de se fortifier uniquement par un redoublement de foi et d'amour. D'un côté Pharaon, de l'autre Moïse ! Pharaon créera des hommes de guerre et des
=========================================
p199 § IV. — LA CÉLÉBRATION DU CONCILE
hommes de police et n'en aura jamais assez; Moïse recevra la parole de Dieu. Il dira : Sortons ! et rien ne l'empêchera de sauver son peuple.
« C'est l'avenir. »
Quelques jours après, les Pères élurent, dans les mêmes sentiments d'union et de piété, les trois autres commissions pour la discipline, pour les ordres religieux, pour les missions et les églises du rit oriental. L'inutilité de leurs efforts à l'étranger n'avait point découragé les catholiques libéraux. Au concile, où le scandale de leurs brochures anonymes était apprécié, ils s'efforcèrent encore d'exercer, parmi les évêques, leur propagande. Peine inutile : la même majorité, absolument prépondérante, en esprit de foi et de paix, rejeta impitoyablement non seulement ces jeunes évêques agréables à Baroche qui devaient accroître encore leur fortune près des républicains ; elle écarta encore avec la même décision Dupanloup à cause de ses brochures, Darboy malgré son crédit près de l'Empereur, et Césaire Mathieu, malgré son cardinalat fut, selon sa propre expression,» enterré tout vivant. » Ces importants personnages ne manquèrent pas de murmurer et d'autres firent valoir leurs murmures.
« Qu'arrive-t-il, demandait plus tard l'évêque de Aimes, Henri Plantier? Les regards des Pères se tournent avec une spéciale anxiété vers l'Allemagne et vers la France. On y rencontre certains noms qui se donnent, avec une entière bonne foi sans doute, mais aussi avec une franchise éclatante et une brillante ardeur, comme opposés tantôt à la doctrine même, tantôt au moins, à la définition de l'Infaillibilité dogmatique du Saint-Siège. Ceux qui prennent cette attitude sont investis de dignités augustes. Ils gouvernent de grandes églises. On parle de leur savoir et de leur éloquence. Des combats noblement soutenus pour de saintes causes, leur ont fait dans le monde une vaste renommée, et dans la gloire qu'ils ont acquise, la reconnaissance s'unit à l'admiration. Avec un tel mérite n'ont-ils pas comme de droit une place dans les Congrégations ? Et n'y porteront-ils pas de précieuses lumières ?
=========================================
p200 PONTIFICAT UE PIE IX (1810-1878)
Oui, certes. Mais sur la grande question, leurs écrits, leurs conversations et leurs discours, tout annonce qu'ils restent obstinément liés à des opinions vieilles et cent fois condamnées. Ils publient qu'ils combattront tout décret qui directement ou indirectement déclarerait ces doctrines erronées et déchues. C'en est fait, pas un scrutin qui leur soit favorable, toutes les Congrégations leur ferment irrévocablement leurs barrières, tandis qu'elles s'ouvrent d'une façon presque triomphale devant certains noms moins retentissants et moins illustres peut-être, mais considérés comme le symbole d'une foi plus pure, d'une théologie plus saine sur les prérogatives attachées par Jésus-Christ à la Chaire de Pierre.
« On a murmuré beaucoup, nous le savons, contre ces éliminations impitoyables. On a dit qu'elles avaient été votées sur des listes toutes faites. Comme si ceux qui leur adressent ce reproche n'avaient pas mis en pratique le même procédé ! Et après tout, quel autre moyen les évêques des différentes nations auraient-ils eu pour se signaler mutuellement les candidats qu'ils estimaient les plus dignes ? — On n'a pas craint de dire encore que le suffrage n'avait pas été libre. Mais de grâce, ces listes ont-elles jamais eu la prétention de s'imposer? Ceux qui les ont reçues les ont-ils considérées comme obligatoires? Si quelques-uns des noms qu'elles portaient n'étaient point agréables, qui empêchait de les effacer? Si quelques autres plaisaient davantage, n'était-on pas maître de les introduire? Quand on a déposé les votes dans l'urne chargée de les recueillir, un inquisiteur était-il là pour demander compte de ceux qu'on avait admis et de ceux qu'on avait écartés? Est-ce que chacun n'a pas exprimé son choix sous le seul regard de Dieu et le seul contrôle de sa conscience? Oui, certes, dans cette grande opération, les évêques ont bien fait ce qu'ils ont voulu, et bien voulu ce qu'ils ont fait. Ici, le suffrage universel a pu parler avec une indépendance qu'il ne connut jamais ailleurs, et si l'immense majorité des Pères s'est montrée si compacte et si invariable dans l'indication de ses répulsions et de ses sympathies, si par quatre votes
=========================================
p201 § IV. — LA CÉLÉDIUTION DU CONCILE
successifs, elle n'a composé les Congrégations conciliaires que de prélats, à peu d'exceptions près, hautement favorables à la définition de l'Infaillibilité, c'est qu'elle a tenu, dès ce premier pas, à faire connaître, par un acte énergique, par une manifestation dont le sens ne put être douteux, le terme auquel elle avait la ferme intention de tendre et d'aboutir(1).»
34. Le Concile œcuménique et général du Vatican était donc définitivement et complètement constitué. Outre la session d'ouverture, il eut encore trois sessions publiques, la première, le 6 janvier 1870, pour la profession de foi; la seconde, le 24 avril, pour la constitution Dei filius sur la foi catholique; la troisième, le 18 juillet, pour la première constitution dogmatique sur l'Église, Pastor œternus. Il y eut, en outre, quatre-vingt-neuf congrégations générales, ce qui fit, avec la congrégation préliminaire du 2 décembre 1809, un total de quatre-vingt-quatorze séances. La première congrégation se tint le 10 décembre 1889, et la dernière le 1er septembre 1870. Les lettres apostoliques prescrivant l'interruption du Concile sont du 20 octobre de la même année.
Nous n'avons pas à donner ici le détail intérieur, le compte-rendu des séances du Concile. L'Église avait prescrit le secret de ces délibérations, elle n'en a pas encore autorisé la rupture et ce serait déroger à sa loi que de vouloir pénétrer ce mystère. De plus, pour rendre compte des discussions théologiques, il faudrait y avoir figuré comme auteur ou assisté comme témoins; autrement on risque de ne pas saisir exactement la physionomie des discussions, de n'en pas apprécier l'importance, de ne pas entrer dans la suite des idées avec une intelligence suffisante. Du reste, ces détails précis, possibles seulement à un rapporteur bien informé, n'offrent pas, dans l'ensemble de ce travail, un égal intérêt. Les discussions sur la foi catholique sont assez connues des lecteurs contemporains; les discussions sur l'infaillibililé, mieux connues encore, ne se présentent plus guère, dans les souvenirs du Concile, que comme des actes de défense,
-------------------------
(1) Lettre pastorale sttr la définition de l'infaillibilité, N° V.
========================================
p202 pontificat de r>iE ix ( 1tMG-1878)
acles provoqués par les attaques des catholiques libéraux, coalisés avec les césariens, et ne travaillant guère que contre l'Église et la France, au seul profit de la révolution.
35. Le secrétaire du Concile mérite ici une mention. Comme savant et comme évêque, Joseph-Hippolyte Fessler, jouissait d'une grande et juste réputation. Né le 2 décembre 1813, à Lochau, dans le Voralsberg, il fit ses études à Feldkirch, à Innsbruck et à Brixen, et il fut ordonné prêtre le 30 juillet 1837. Cinq ans plus tard, l'abbé Fessler était nommé professeur d'histoire ecclésiastique au séminaire de Brixen, où il publia sa Patrologie, point de départ de la grande réputation qui devait couronner sa carrière. En 1852, il fut appelé comme professeur d'histoire naturelle à Vienne et nommé directeur du Freithancum et chapelain de la cour impériale et royale. De 1858 à 1862 il fit des cours sur le droit des Décrétales. C'est pendant cette époque qu'il donna au public les œuvres suivantes : Etudes sur le Concordat; — la Défense ecclésiastique des livres; — la Liberté de l'Eglise et l'étude du droit canon (1853); — Histoire de l'Église pour les gymnases; — le Procès canonique d'après ses principes positifs et son développement historique (1850); — la Révision des Concordats; — la Question des protestants, etc., etc. Le 18 mai 1802, il fut consacré évêque de Nyssa à Brixen. Plus tard, il fut envoyé par le ministère Schmerling à Rome pour entamer des négociations relatives à une révision du concordat. Nommé évêque de Saint-Hyppolyte le 23 septembre 1851, il fut confirmé par Rome le 27 mars 1865, et installé le 30 avril de la même année. En 1869, Sa Sainteté Pie IX le nomma secrétaire du Concile du Vatican. A son retour de Rome, il expliqua à ses diocésains, par la parole et par la plume, les définitions dogmatiques du saint Concile du Vatican, qu'il défendit victorieusement contre de prétendus savants, toujours vigilant, toujours sur la brèche dès qu'il s'agissait des droits de l'Eglise catholique. Constamment occupé de bonnes œuvres, il fut enlevé par un trépas soudain, le 25 avril 1871, alors que nous lui présagions
==========================================
p203 § V. — l'agitation pendant le concile
encore de nombreuses années. Une varice se rompit; il en résulta un coup de sang terrible, et la chaire de Saint-Pierre perdit l'un de ses plus vaillants serviteurs.