J'avoue que, plus je passe de temps sur les efforts de la recherche concernant les sources, plus ma confiance devant ce surplus d'hypothèses qui s'accumulent diminue. Elles ne font que se répéter et se réfuter mutuellement. Toute la construction d'un Jésus purement historique qu'on oppose au Christ de la foi, marquant le début du siècle des Lumières, a déjà été critiquée par Albert Schweitzer. Nous avons cru, dit‑il, le tenir réellement mais il a sauté notre époque et s'en est retourné chez lui.
Je pense que toutes ces tentatives sont des reconstructions et portent
=====================================
p144 JÉSUS‑CHRIST
la marque du constructeur. Que vous preniez le Christ d'Adolf Harnack, type même de l'homme libéral, ou celui de Bultmann, qui reflète la philosophie existentielle de l'auteur. Toutes ces constructions reposent sur la même idée de base : Dieu ne peut pas être homme. Les événements qui présupposeraient cela ne peuvent donc pas être historiques. Cela signifie qu'on part d'une idée préconçue et que, au fond, on enlève par là toute sa force à l'événement, tout ce qui constitue son intérêt et son épaisseur.
