Darras tome 14 p. 197
23. Pendant qu'aux extrémités de l'Orient la vraie foi jetait de si vives lumières, en Occident la Grande-Bretagne et l'Irlande méritaient le nom d'Iles des Saints, titre glorieux légué à l'Angleterre par les chrétiens du VIe siècle, titre longtemps oublié et que les nombreuses conversions de ces dernières années nous laissent l'espérance de voir bientôt revivre. Saint David, archevêque et patron du pays de Galles, après avoir édifié l'île de Wight, où il passa quelques années dans la solitude, consacrait une église à Glastonbury; fondait douze monastères, dont le principal était dans la vallée de Ross, près de la ville de Ménévie, aujourd'hui Saint-David ; assistait, en 519, au concile tenu à Brévy, dans le comté de Cardigan, contre les semi-pélagiens, et succédait à saint Dubrice sur le siège archiépiscopal de Caërléon, qu'il transférait à Ménévie. Saint David possédait à un degré éminent le talent de la parole, mais son éloquence avait encore moins d'efficacité que la force de ses exemples. Aussi a-t-il été regardé de tout temps comme une des plus brillantes lumières de l'église britannique. La règle qu'il composa pour ses monastères le rendit le père spirituel d'un grand nombre de saints qui illustrèrent l'Angleterre et l'Irlande (470-544). Saint Dubrice, prédécesseur de saint David sur le siège de Caërléon, ouvrit d'abord dans la province de Warwick une école célèbre, où il expliqua sept ans les saintes Écritures. La réputation du pieux docteur lui attirait des disciples de tous les points de la Grande-Bretagne. On en compta jusqu'à mille, réunis pour entendre sa parole éloquente. Sacré évêque de Landaff, par saint Germain d'Auxerre (-446), il passa depuis à l'archevêché de Caërléon, dont il remit (519) le gouvernement à saint David pour se retirer dans un monastère de l'île de Bardsey, où il mourut peu de temps après. — Saint Thélian, son disciple, fit en
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198 PONTIFICAT DE SAINT HORMISDAS (514-523).
l'an 500 un
pèlerinage à Jérusalem. De retour dans sa patrie, il fut élevé au siège
épiscopal de Landaff, après la translation de saint Dubrice à l'archevêché de Caërléon. Il fit fleurir cette église par sa science,
sa piété, son zèle et son attention à ne recevoir dans le clergé que des hommes éclairés et vertueux. Son autorité seule suffisait pour
décider sans appel tous les différends. Il donna des
preuves de la charité la plus héroïque, durant une maladie contagieuse qui
désola le pays de Galles, et mourut (580) dans une solitude qu'il s'était choisie, pour se préparer au passage de l'éternité.
Vers le même temps (516), un autre évêque du pays de Galles, saint Daniel, illustrait le monastère de Bangor, près du bras de mer qui sépare
l'île d'Anglesey du pays de Galles. La même
contrée admirait alors le saint abbé Cadoc, fils d'un prince qui possédait la
partie méridionale de ce pays. Un instant Cadoc succéda à son père dans le
gouvernement de ses états ; mais il abdiqua bientôt pour embrasser la vie
monastique. Il fonda dans le voisinage de Lan-Carvon, à trois milles de Gowbridge, un monastère qui devint
une pépinière de grands hommes. Saint Iltut, saint Gildas l'Albanien, saint
Samson, saint Magloire sortirent de cette école pour illustrer leur patrie.
24. L'Ecosse et l'Irlande ne restaient point en arrière du mouvement religieux qui se prononçait dans la Grande-Bretagne. Saint Kentigern, issu du sang royal des Pictes (516-G01), évangélisait l'Ecosse, sa patrie, fondait l'évêché de Glascow, dans une solitude où sa présence amena bientôt une multitude d'habitants, qui donnèrent naissance à la ville actuelle. Kentigern envoya prêcher la foi dans les îles d'Orkney, dans la Norwège et l'Islande. — Dans le même temps, la catholique Irlande comptait, parmi ses plus glorieux enfants, saint Colomb, de l'illustre maison de Neil, fondateur du grand monastère de Dair-Magh, aujourd'hui Durrog (521-570) ; saint Finien, évêque de Clonard, l'un des plus illustres évêques d'Irlande, après saint Patrice (500-552) ; saint Tigernake, évêque de Clones, dans le comté de Monagan (490-550) ; saint Albéo, archevêque de Munster, fondateur du monastère de l'île d'Arran, auquel il donna les plus sages règlements (400-525) ; enfin
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p199 CHAP. III. — PROGRÈS DE LA FOI.
sainte Brigide, vierge, abbesse et patronne de l'Irlande. Fort jeune encore, elle reçut le voile des mains de saint Mel, neveu et disciple de saint Patrice. Elle se construisit, dans le tronc d'un gros chêne, une cellule qui fut depuis appelée Kill-Dara, ou cellule du chêne. Une foule de vierges étant venues se placer sous sa direction, sainte Brigide les réunit en un corps de communauté, qui donna naissance à plusieurs autres monastères d'Irlande (470-523).