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Le marxisme part du principe que la liberté est indivisible, qu'elle existe seulement quand elle est liberté de tous. Elle est liée à l'égalité: pour qu'elle soit réelle, elle doit en premier lieu la susciter.
Cela signifie que, pour atteindre une liberté parfaite, il faut
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commencer par y renoncer. La solidarité de tous ceux qui se battent pour la liberté de tous passe par la répression de la liberté individuelle.
La citation de Marx dont nous sommes partis montre bien que l'idée d'une liberté individuelle sans limites subsiste, mais que la priorité est avant tout sociale: l'égalité l'emporte sur la liberté, le droit du groupe sur celui de l'individu.
En lien avec ce premier présupposé, il y a celui que la liberté de l'individu dépend de la structure du tout et qu'ont doit donc mener la lutte non pas pour la liberté des personnes, mais pour la transformation des structures.
Quant à la question de savoir quelle forme auront ces structures et donc par quels moyens pratiques les créer, le marxisme reste court. Car même un aveugle verrait qu'aucune des structures érigées ne rend vraiment possible la liberté et qu'il faut donc toujours exiger le renoncement à la liberté.
Mais, dès que leur forme de pensée est en jeu, les intellectuels sont aveugles. Ils sont donc capables de perdre tout réalisme et de se battre pour un système dont les promesses sont intenables.
On fuit alors dans la mythologie: les nouvelles structures susciteront un homme nouveau. Car, effectivement, ces promesses ne peuvent aboutir qu'avec un homme nouveau, une humanité tout à fait différente.
Si le caractère moral du marxisme réside dans son appel à la solidarité et dans son idée du caractère indivisible de la liberté, son annonce d'un homme nouveau est manifestement un mensonge qui le paralyse moralement d'emblée.
Les vérités partielles sont subordonnées à une tromperie, et c'est alors l'ensemble qui échoue. Le mensonge de la liberté efface ses éléments vrais. La liberté sans vérité n'est pas liberté.
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Le sentiment que la démocratie n'est peut‑être pas encore la vraie forme de la liberté est assez général et ne cesse de s'étendre. On ne saurait repousser sans plus la critique qu'en fait le marxisme.
Dans quelle mesure les élections sont‑elles libres? Quelle est l'ampleur de la manipulation de l'opinion publique par ceux qui dominent la publicité, donc par le capital? N'existe‑t‑il pas une nouvelle oligarchie qui décide ce qui est moderne et progressiste, ce que doit penser l'homme éclairé?
La cruauté de cette oligarchie et sa capacité d'exécuter publiquement les gens sont bien connues: ceux qui se mettent en travers de son chemin sont les adversaires de la liberté car ils entravent la libre expression des opinions!
Et qu'en est‑il donc des décisions prises dans le cadre de la représentation démocratique? Qui peut croire que le bien commun en est le facteur décisif? Qui peut douter de la force de plus en plus manifeste des intérêts privés que défendent certaines personnes?
De
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façon plus générale, le système majoritaire est‑il vraiment un système de liberté? Derrière cette organisation de représentation politique qu'est le parlement, on perçoit de mieux en mieux les lobbies de tous genres qui le dominent.
Dans cette foire d'empoigne chaque jour plus forte, comment gouverner? La volonté de s'imposer aux autres bloque la liberté de tous.
-------- Face aux limites de la démocratie, l'appel à la liberté totale s'intensifie sans cesse. « La loi et l'ordre » apparaissent toujours contraires à la liberté. --------- --------Il s'agit de savoir ce qu'est l'homme et comment il peut vivre vraiment, comme individu ou en groupe.