Il faut prier avant toute activité missionnaire
Le cardinal Robert Sarah écrit ainsi dans La force du silence. Contre la dictature du bruit : « Toute action doit être précédée par une intense vie de prière, de contemplation, de recherche et d’écoute de la volonté de Dieu »[1]. Cela vaut particulièrement pour les missionnaires. La prière leur permet d’écouter la parole de Dieu, d’apprendre sa volonté et de recevoir la mission qu’il veut les confier et les instructions idoines. Dans l’Ancien Testament, Dieu a dialogué dans la prière avec Moise (Ex 3, 7-12), Isaïe (Is 6, 1-10), Jérémie (Jr 1, 4-19) et Ezéchiel (Ez 1, 1 - 3, 21) en leur instruisant les perspectives de leur mission. Comment recevoir alors une mission d’évangéliser sans avoir rencontré Dieu dans la prière ?
Avant de les envoyer évangéliser, Jésus instruit les Douze en leur montrant les voies de la mission : pauvreté, douceur, acceptation des souffrances et des persécutions, désir de justice et de paix, charité, c’est-à-dire précisément les Béatitudes, réalisées dans la vie apostolique (Cfr Mt 5, 1-12).[2] Où est-ce que les missionnaires peuvent aujourd’hui recevoir les instructions divines de telle sorte sinon dans la prière surtout la lectio divina ? Nulle part ! C’est pourquoi il leur est indispensable de veiller toujours à être Marie avant de se faire Marthe. Pour que leur vie active ne soit pas trop dispersée, il convient de choisir d’abord la meilleure part, comme Marie, de contempler Jésus dans la prière silencieuse et d’écouter sa parole afin d’aller proclamer aux autres ce qu’ils ont entendu de Lui. Autrement, ils risquent « un véritable embourbement dans un activisme et une agitation dont les conséquences déplaisantes affleurent assez clairement dans le récit évangélique : la panique, la peur de travailler en solitaire, une attitude intérieure dissipée, un agacement de Marthe à l’égard de sa sœur, le sentiment que Dieu nous laisse seuls sans intervenir efficacement »[3].
Vis-à-vis de ce danger, le Pape Jean-Paul II exhorte les missionnaires du troisième millénaire en ces termes : « Il importe que ce que nous proposons, avec l’aide de Dieu, soit profondément enraciné dans la contemplation et la prière. Note époque est une époque de mouvement continuel qui va souvent jusqu’à l’activisme, risquant facilement de faire pour faire. Il nous faut résister à cette tentation en cherchant à être avant de faire »[4]. Le moyen n’est autre que de prier avant d’agir. Car l’homme n’est rien et ne peut rien sans Dieu. Il doit prier dès lors pour qu’il ne soit pas séparé de lui, pour qu’il ne périsse et pour qu’il puisse bien accomplir ses devoirs missionnaires. De fait, la prière ne doit se réduire au minimum indispensable.
Abbé Gratien KWIHANGANA
[1] R. SARAH – N. DIAT, La force du silence. Contre la dictature du bruit, Fayard, Paris 2016, p. 38.
[2] JEAN-PAUL II, Lettre Encyclique Redemptoris Missio, n. 91.
[3] R. SARAH – N. DIAT, La force du silence, p. 38.
[4] JEAN-PAUL II, Lettre Apostolique Novo Millenio Ineunte (6 janvier 2001), n. 15.