Comment favoriser la formation des fidèles ?
Discours aux dicastère pour le culte divin
février 12, 2024 18:08RédactionDicastères, Pape François WhatsApp Messenger
Facebook Twitter Partager Share this Entry Jeudi 8 février le pape François
s’est adressé aux participants à l’assemblée plénière du Dicastère pour le
culte divin et la discipline des sacrements, développant en particulier la
réforme liturgique. Ci-dessous le texte intégral de l’intervention du
Saint-Père. Chers frères et sœurs ! Je vous rencontre à l’occasion de votre
Assemblée plénière. Je salue le cardinal Préfet et vous tous, membres,
consulteurs et collaborateurs du Dicastère pour le culte divin et la discipline
des sacrements. Soixante ans après la promulgation de Sacrosanctum Concilium,
les mots que nous lisons dans son introduction, par lesquels les Pères ont
déclaré le but du Concile, ne cessent de nous enthousiasmer. Il s’agit
d’objectifs qui décrivent une volonté précise de réformer l’Église dans ses
dimensions fondamentales : accroître chaque jour davantage la vie chrétienne
des fidèles ; mieux adapter aux besoins de notre temps les institutions
soumises à des changements ; favoriser ce qui peut contribuer à l’union de tous
les croyants dans le Christ ; revigorer ce qui sert à appeler tout le monde au
sein de l’Église (cf. SC, 1). Il s’agit d’une œuvre de renouveau spirituel,
pastoral, œcuménique et missionnaire. Et pour y parvenir, les Pères du Concile
savaient bien par où commencer, ils savaient « qu’il leur incombe en
particulier de pourvoir à la réforme et à la promotion de la Liturgie »
(ibid.). Cela revient à dire : sans réforme liturgique, il n’y a pas de réforme
de l’Église. Nous ne pouvons faire une telle affirmation que si nous comprenons
la liturgie au sens théologique, comme le résument admirablement les premiers
numéros de la Constitution. Une Église qui ne ressent pas la passion de la
croissance spirituelle, qui n’essaie pas de parler de manière compréhensible
aux hommes et aux femmes de son temps, qui ne s’afflige pas de la division
entre les chrétiens, qui ne tremble pas de l’impatience d’annoncer le Christ
aux nations, est une Église malade, et ce sont là les symptômes. Toute réforme
de l’Église est toujours une question de fidélité conjugale : l’Église Epouse
sera d’autant plus belle qu’elle aime davantage le Christ Époux, jusqu’à lui appartenir
totalement, jusqu’à se conformer pleinement à lui. Et sur ce point, je dis une
chose sur les ministères des femmes. L’Église est femme et l’Église est mère et
l’Église est la figure de Marie et l’Église-femme, la figure de Marie, est plus
que Pierre, c’est-à-dire qu’elle est quelque chose d’autre. Tout n’est pas
réductible à la ministérialité. La femme en elle-même a un très grand symbole
dans l’Église en tant que femme, sans la réduire à la ministérialité. C’est
pourquoi j’ai dit que toute réforme de l’Église est toujours une question de
fidélité conjugale, parce qu’elle est femme. Les Pères du Concile savaient
qu’ils devaient mettre la liturgie au centre, parce qu’elle est le lieu par
excellence de la rencontre avec le Christ vivant. L’Esprit Saint, qui est la
précieuse dot que l’Époux lui-même, avec sa croix, a donnée à l’Épouse, rend
possible cette actuosa participatio qui anime et renouvelle continuellement la
vie baptismale. Le but de la réforme liturgique – dans le contexte plus large
du renouveau de l’Église – est précisément « de favoriser la formation des
fidèles et de promouvoir une action pastorale qui ait pour sommet et pour
source la sainte Liturgie » (Instruction Inter oecumenici, 26 septembre 1964,
5). Pour que tout cela se produise, il faut donc une formation liturgique,
c’est-à-dire à la liturgie et à partir de la liturgie, sur laquelle vous
réfléchissez ces jours-ci. Il ne s’agit pas d’une spécialisation pour quelques
experts, mais d’une disposition intérieure de tout le peuple de Dieu. Cela
n’exclut pas, bien sûr, que la priorité soit donnée à la formation de ceux qui,
en vertu du sacrement de l’Ordre, sont appelés à être mystagogues, c’est-à-dire
à conduire par la main et à accompagner les fidèles dans la connaissance des
saints mystères. Je vous encourage à poursuivre votre engagement afin que les
pasteurs sachent comment conduire le peuple au bon pâturage de la célébration
liturgique, où la proclamation du Christ mort et ressuscité devient une
expérience concrète de sa présence qui transforme la vie. Dans l’esprit de la
collaboration synodale entre les dicastères – souhaitée par Praedicate
Evangelium (cf. n. 8) – je souhaite que la question de la formation liturgique
des ministres ordonnés soit également discutée avec le Dicastère pour la
culture et l’éducation, avec le Dicastère pour le clergé et avec le Dicastère
pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, afin
que chacun puisse offrir sa contribution spécifique. Si « la liturgie est le
sommet vers lequel tend l’activité de l’Église et en même temps la source d’où
jaillit toute sa force » (SC, 10), la formation des ministres ordonnés doit
aussi avoir de plus en plus une empreinte liturgico-sapientielle, à la fois
dans le programme des études théologiques et dans l’expérience de vie des
séminaristes. Enfin, en préparant de nouveaux itinéraires de formation pour les
ministres, nous devons en même temps penser à ceux du peuple de Dieu. À
commencer par les assemblées qui se réunissent le jour du Seigneur et les fêtes
de l’année liturgique, qui sont la première occasion concrète de formation
liturgique. Mais il peut aussi y avoir d’autres moments où le peuple est
davantage impliqué dans les célébrations et dans leur préparation : je pense
aux fêtes patronales, ou aux sacrements de l’initiation chrétienne. Préparés
avec soin pastoral, ils deviennent des occasions favorables pour redécouvrir et
approfondir le sens de la célébration du mystère du salut aujourd’hui. « Allez
préparer […] le repas de la Pâque » (Lc 22, 8) : ces paroles de Jésus, qui
inspirent vos réflexions en ces jours, expriment le désir du Seigneur de nous
réunir autour de la table de son Corps et de son Sang. Il s’agit d’un impératif
qui nous parvient comme un appel d’amour : s’engager dans la formation
liturgique signifie répondre à cette invitation afin de « manger la Pâque » et
de vivre une existence pascale, personnelle et communautaire. Chers frères et
sœurs, votre tâche est grande et belle : travailler pour que le peuple de Dieu
grandisse dans la conscience et dans la joie de rencontrer le Seigneur en
célébrant les saints mystères et, en le rencontrant, ait la vie en son nom. Je
vous remercie vivement pour votre engagement et je vous bénis de tout cœur. Que
la Sainte Vierge veille sur vous. Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je vous
remercie. Traduction de l’anglais par ZENIT février 12, 2024 18:08Dicastères,
Pape F
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